mercredi 31 mars 2010

C'est lorsque tout le sable a été balayé que hop ! la rivière déborde !



J'ai parfois cette drôle d'impression d'être dénuée de contrôle sur ma vie, d'être spectatrice de ma propre vie. Je me vois aller, comme si j'étais une entité extérieure à moi-même, je perds volontairement le contrôle et m'observe déraper, voir jusqu'où je peux tomber sans complètement me briser, où est-ce que je vais trébucher cette fois. Au lieu d'être engagée, active, vivante et de prendre ma vie en main, je la laisse glisser en lui faisant une confiance aveugle, en la laissant s'infiltrer où elle veut. Je suivrai et j'encaisserai. 

Ça m'a fait ça souvent. Avec B. nommément. Quand je me suis sentie attirée par lui, quand j'ai réalisé que je pensais anormalement trop à lui, au lieu de courir dans le sens opposé, me sommer d'oublier, l'éviter complètement, j'ai haussé les épaules en me disant « Bah ! Et pourquoi pas ? » ; les trois ans de R. ne m'avaient visiblement rien appris, j'ai préféré glisser en toute connaissance de cause, sans chercher à me retenir ou à amortir la chute. Je me suis regardée tomber, et j'ai pris plaisir dans cette chute, la sensation d'ivresse qu'elle me procurait. 

Ce n'est évidemment pas toujours à des moments aussi charnière que celui avec B. auquel je réfère, ce n'est même pas souvent pour des questions aussi décisives quant à ma destinée, mais il reste qu'il est récurrent chez moi de me sortir de moi-même et me regarder de manière désintéressée, comme si j'étais spectatrice de ma vie et que je n'avais aucun pouvoir pour en changer la marche. 

Je pense que j'aime perdre le contrôle. Me challenger moi-même. Cerner la brèche pour y trébucher. Tout laisser filer autour de moi pour voir quels seront les ravages. Voir où est le talon d'Achille de ma vie qui est, au fond, tellement fragile. Palper l'instant précaire où il est facile de tout faire basculer. Laisser les rênes glisser de mes mains et regarder où les cheveux affolés m'amènent. Et me démerder lorsque je suis perdue. 

Certaines personnes aiment avoir le contrôle absolu sur tout. Peut-être suis-je un peu comme elles, en ce sens que je veux presque avoir le contrôle de ma perte de contrôle. Mais je pense surtout que j'aime ce vertige puis cette ivresse de la chute. La curiosité du point final. L'idée d'être à la fois responsable et victime de mon propre sort. 

Aujourd'hui, je marchais pour aller au Tandem, et il ventait comme c'est souvent le cas lorsque j'ai de telles pensées (peut-être cette idée de vent, de mouvement, de chute...), et il me semblait que tout le monde était dans mon chemin. Et puis je me suis sentie, comme tant de fois, m'extérioriser et me regarder, me laisser aller avec la vie voir où me mènera-t-elle cette fois. Que sera, sera. Je pense que ça s'applique bien, ces derniers temps, à ma confiance peut-être un peu trop aveugle en la vie.

Et je m'amuse, je ris et je rejette les noires préoccupations. L'homme qui viendra cueillir mon coeur ne se heurtera pas à une déprime ni à des critères trop élevés ; que ce soit B. ou un autre homme sexy et cultivé, un ami d'école ou un jeune inconnu mystérieux, je m'ouvre au monde, je bois la vie et accueillerai celui qui m'offrira des fleurs intéressantes ! Seulement, qu'il se pointe avant que mon amour de vivre s'estompe ! Ou que je fasse une gaffe quelconque, retomber pour un insignifiant pas intéressé, par exemple ! 

Voir yolaine m'a vraiment fait du bien, je crois !

J'ai réalisé quelque chose tout à l'heure en ressassant la vie dans mes pensées, comme je fais toujours. Ce matin, j'ai fait un sourire que je me suis surprise à faire. J'y ai réfléchi, et je me suis rappelé que c'était exactement ce sourire-là que je faisais à B., un sourire que je lui réservais, à la fois timide et provoquant, à la fois déférent et outrageusement charmeur, avec le regard furtif et caressant, un sourire franc et passionné. 

Sourire ainsi dans une situation qui ne le nécessitait pas. Claudiane voulait que je sourisse (?) aux gens, et voilà, je ressors des sourires que je réservais aux amours ! Ah la la... Vivement septembre !! 

Scolairement, tout baigne : j'ai pour ainsi dire terminé mon travail de Genres littéraires (celui que je montrerai à yolaine !!), mon prof de littérature française, le fameux G., n'arrêtait pas de me dire que mon sujet pour le travail était une excellente idée, je suis à jour (quoique limite...) dans mes lectures, et j'aime mes cours et les livres que nous y lisons ! Plus qu'un mois d'école, pas de vie mais des résultats excellents, Pierre Lapointe en spectacle le 28 avril, Proust et autres pour cet été, B. cet automne, la dolce vita les copains !

Demain, nous serons le 1er avril, c'est-à-dire que l'an dernier était ce fameux mercredi de l'opéra. Souper au resto chinois avec B. Regards enflammés et maladresse polie. « La romantique que tu es a-t-elle peur d'être déçue par l'opéra que nous allons voir ce soir ? » Thé vert et pieds qui se heurtaient sous la table. Attirance devenue pour moi amour. Oeillade timide jetée sur ma robe noire, que je portais d'ailleurs aujourd'hui. Crème aux mûres et rouleaux impériaux.

Et aujourd'hui, ça fait un an. Déjà un an. C'est horrible, le temps tue. Ce temps perdu que je ne trouverai jamais, jamais malgré mes recherches intempestives et mes prières itératives. Proust voit en la solitude la solution ; moi, c'est en la perte de contrôle que je retrouve mon bonheur. (Oui, nous avons vu Proust aujourd'hui en classe.) Les bienfaits à long terme sont peut-être incertains, mais je vis. 

Je perds le contrôle, mes sentiments sont extrêmes mais c'est dans cette intensité que je finis par retrouver un certain contrôle.

Je suis un paradoxe vivant !!

mardi 30 mars 2010

Back with my oh-so-sweet loveless fascination !

Je suis allée voir Yolaine ce matin, yolaine qui était tellement belle aujourd'hui, yolaine dont la conversation m'est apparue particulièrement intéressante et beaucoup trop courte ; elle avait l'air contente de me voir, elle s'intéressait à ce que je disais avec ce qui m'a semblé être une authenticité véritable, elle m'a même demandé si elle allait pouvoir lire mon analyse de poème que je dois faire pour mon cours de Genres littéraires. J'ai accepté, mais peut-être n'aurais-je pas dû... peut-être serait-il mieux pour moi d'entretenir ce lustre dont elle me croit couverte, cette intelligence et cette perspicacité dont elle me croit détentrice. Mon travail va ruiner l'illusion qu'elle entretient à mon sujet ; elle va réaliser mon insignifiance intellectuelle, et tout sera à recommencer, les demandes de rencontres timides, la déférence insécure, l'incohérence de mes propos qui s'empêtrent dans ma gêne maladive... 

Mais comment aurais-je pu dire non ? Si elle me demande à lire ce travail, c'est qu'elle s'intéresse à ce que j'ai à dire, sur ce que je tire d'un si joli poème que nous aimons toutes les deux... non ? Si elle demande à le lire, et qu'elle songe même à donner à lire du Rina Lasnier à ses étudiants, c'est peut-être même qu'elle prend en considération ma vision, mon interprétation pour voir ce que l'on peut en dire ? Et peut-être qu'elle s'intéresse vraiment à ce que j'ai à dire. Malgré cette incompétence qu'elle me sait posséder, pour le lui avoir maintes et maintes fois dit. 

Ah, je ne peux pas croire que je vais lui faire lire mon analyse et ainsi lui faire réaliser à quel point je suis bête et incompétente ! Car j'ai accepté, et ça me terrorise !

Peut-être est-ce là où le professionnel se meut en amitié, là où il y a intérêt à voir ce que l'autre, que l'on a pas aidée, écrit par simple curiosité, sans désir de corriger ou d'améliorer ? D'avoir peur de faire lire un travail qui, au fond, ne sera sûrement pas si mauvais que ça, car le jugement émotif l'emporte, et de loin, sur celui du professeur qui enseigne à se diriger vers la bonne voie ? 

Je ne sais plus. Tout ce que je sais, c'est qu'elle est formidable, et tellement belle ! Je ne peux pas croire qu'une femme de cet âge puisse être aussi belle. 

Je suis restée avec elle une cinquantaine de minutes qui m'est apparue tellement courte, moi qui suis pourtant habituée à avoir avec elle des moments de ces durées-là. C'est que j'aimerais tellement pouvoir passer de plus longs moments en sa compagnie ; il me semble toujours avoir tout à discuter avec elle, mais nous sommes toujours à court de temps, crispées que nous sommes dans ces restants de poix professionnelle ! 

Alors j'attends qu'elle change d'idée. Qu'elle passe par-dessus son fichu protocole, son professionnalisme vieux-je, et qu'elle accepte l'amitié que je lui offre depuis les tout débuts de mon intérêt, de ma fascination pour cette grande âme.

La conversation s'est terminée abruptement - car une étudiante avec qui elle avait rendez-vous attendait à la porte - sur B. Car nous avons parlé de lui. De manière neutre, certes, Y. ne sait pas pour mes sentiments par rapport à lui, mais ça m'a fait tout drôle de parler de lui comme ça. Elle en faisait l'éloge, et ça m'a étrangement rappelé la première journée que j'ai entendu parlé de lui (par mon prof de philo) ; elle m'en avait parlé en bien, et peut-être est-ce là ce qu'elle n'aurait pas dû faire vu l'influence notable de son avis sur ma vie ; selon elle, il était dynamique et compétent, et j'allais l'aimer (oh, ça oui !). Pendant qu'on parlait de lui, pendant qu'elle faisait l'éloge de lui d'après l'impression qu'elle en avait et que je ne cessais de répéter qu'on s'entendait bien et que je l'aimais bien, je rougissais. J'ai sentir mes joues s'engourdir de cette désagréable vague de chaleur. J'ai rougi, mais elle n'a rien dit, au contraire de M. Elle n'a pas dû remarquer, elle ne doit pas croire la chose possible, elle et sa grandeur d'âme qui me semble parfois tellement éthérée et presque (trop) morale ! Mais je ne sais pas, l'entendre parler ainsi de Benjamin était comme si elle l'avait fait vivre en quelques phrases du bout de ses lèvres souriantes, comme s'il s'était trouvé devant nous, souriants et maladroitement magnifique, à discuter un peu en notre compagnie. Ce qui aurait certes pu arriver pendant la 4e session du Cégep. Ce qui aurait probablement été trop émouvant, exténuant pour moi et ma sensibilité malsaine. 

Ah, yolaine, fascinante et inspirante yolaine, comme vous détenez un pouvoir sur mon pauvre esprit éreinté ! 

Sinon, la fin de session approche dangereusement, mais j'ai presque fini un travail que j'ai à remettre dans 2 semaines (ce qui est incroyable, moi qui suis toujours à la dernière minute !) Je ne ressens plus rien pour M. - qui a d'ailleurs parlé de Chopin dans l'un de ses nicks msn, ce qui m'a énormément troublée ; j'utilise beaucoup ce surnom dans mes propres nicks pour désigner Benjamin, et le voilà qu'il me copie !! - que de l'amitié que je compte conserver mais non transformer. Mon prof G. est finalement marié, ce qui m'a presque brisé le coeur en mille miettes, voyant l'ampleur du culte que je lui voue ; mes fantasmes de liaison prof-élève devront encore attendre un autre intellectuel passionné dans mon parcours scolaire qui est maintenant de moins en moins long, dont le diapason de profs se rétrécit de plus en plus.

Allez, la lecture maintenant ! 

Et Yolaine était si belle ! 

lundi 29 mars 2010

À mi chemin entre le rêve éveillé et l'écriture automatique !

J’ai pris de l’eau dans ma bouche. Elle était toute fraîche contre mes joues tièdes. L'eau léchait les parois de ma mâchoire, mes gencives, ma langue. L'eau glaçait mes dents et les engourdissait. Ça me faisait du bien de sentir tout ce frais dans ma bouche. Je trouvais ça drôle, je riais, l'eau tombait, et puis je remplissais ma bouche à nouveau avec l'eau glaciale du lac bleu et miroitant. Mes joues étaient joufflues à cause de l'eau fraîche qui s'y trouvait. L'eau était fraîche, glaciale, rafraîchissante et réconfortante ; l'eau, c'était la vie qui glougloutait et oscillait entre mes joues. Fraîche et vivifiante. Je regardais mes copains de jeux, je regardais mon reflet que la surface miroitante du petit lac auquel je m'abreuvais me renvoyait. J'avais l'air d'un singe, et mes joues gonflées, mes lèvres devenues framboise, roses, luisantes et rondes, mes yeux exorbités, mes sourcils haussés faisaient rire les copains qui dansaient autour de moi. Mes copains riaient en exécutant des figures de ballet-jazz et de danse contemporaine. Ils riaient, et je riais à mon tour. Je laissais l'eau s'échapper rapidement sur le sol jonché de racines et de fougères, luxuriantes et vertes, en me penchant vers l'avant pour éviter de cracher l'eau sur mes vêtements. Quelques petites gouttelettes éclaboussaient toutefois ma robe blanche, mais c'était presque imperceptible. Je n'y faisais pas attention, tournoyais un peu avec les copains qui dansaient. J'essayai quelques pas de valse, puis retournai au lac. M'emplis à nouveau la bouche d'eau froide. Dansai avec les copains en faisant attention aux racines qui sortaient de la terre molle comme des bras aux intentions malsaines. Je valsais maladroitement et finis par trébucher. Je crachai l'eau, mais je ne ris presque pas puisque la racine m'avait écorché le pied. Je retournai à mon lac, pris une autre lampée d'eau pour oublier ma douleur à l'orteil. C'était réconfortant. Je regardai les copains, leur offris une grimace par laquelle l'eau jaillit. Une surface de ma robe en fut couverte, mais l'eau sur ma peau tiède me rafraîchit. C'était agréable. Et ça faisait rire les copains. Je remplis à nouveau ma bouche d'eau. Je tournai sur moi-même, très rapidement, en crachant graduellement l'eau tout autour de moi. J'étais un arroseur. On riait. Je riais. Nous avions un plaisir fou à s'amuser avec cette eau limpide et tellement fraîche ! 

Mais j'eus la malencontreuse idée de reprendre de l'eau dans ma bouche, lever le regard au ciel et cracher l'eau vers le soleil : peut-être pour le rafraîchir, celui qui doit avoir si chaud dans sa perpétuelle combustion, peut-être pour faire rire les copains avec mes allures de fontaine ambulante, peut-être parce que j'étais grisée d'avoir tant ri et tant dansé et tant tourné et tant bu cette eau si fraîche, si caressante contre les parois intérieures de mes joues et la peau rugueuse de ma langue. Je fis une fontaine avec ma bouche pleine d'eau vers le ciel.

L'eau s'écrasa sur ma chaude ivresse, et ma robe fut toute mouillée. Je clignai des yeux. Les copains riaient encore, mais je continuais de cligner des yeux, étonnée qu'une telle chose puisse m'arriver. J'avais empli ma bouche d'eau fraîche, m'étais amusée, l'avais craché au-dessus de moi et maintenant, j'en étais toute aspergée. Étonnée. Glacée. 

Les copains riaient mais je n'avais soudainement plus envie de rire. Mais je riais encore, d'un rire jaune et mineur, comme le mouvement lent d'une symphonie de Schumann, d'un jaune triste et cynique qui jurait de manière violente avec le bleu du lac et le vert profond des fougères. Je riais jaune et mes yeux devenaient rouges. Mais je riais, je continuais de rire parce que je ne pouvais pas exposer aux autres mon trouble à cette idée de m'être fait prendre à mon propre piège. C'était le pas de trop qui risquait de m'envoyer déraper la pente glissante qui se déployait devant moi. Jeu dangereux de rires et de caresses de l'eau !

Aujourd'hui, je regrette ; mais toujours, j'emplis à nouveau ma bouche d'eau fraîche et nouvellement âcre pour la cracher comme si rien n'était. Je regrette et l'eau me donne envie de vomir. J'ai peur d'elle ; je m'oblige à y retourner pour emplir d'eau ma bouche apeurée. C'est encore plaisant et caressant, mais elle goutte le sang et les larmes. C'est doux-amer, c'est grisant et affolant. Je regarde les copains qui dansent encore. Je n'ai pas le choix : je continue ce jeu malsain pour ne pas montrer aux copains qui sont heureux, qui sont rieurs, qui m'ont applaudie que l'eau m'a inondée, m'a brûlée par sa froideur et me rend malade. 

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Je constate qu'à chaque fois que je fais ce genre d'exercices pseudo-psychanalytiques, il y a une forêt tropicale d'un vert riche et profond, avec des fougères odorantes et une surface ronde ; il y a de l'eau bleu royal, l'image du singe et moi qui agis comme une vraie gamine. Enfin. Je n'expliquerai pas ; je ne sais pas le faire. 

J'attends maintenant l'avis de Freud en lisant Marguerite Duras pour mon fabuleux cours de littérature française. 

Bonne soirée !

vendredi 26 mars 2010

Au XIXe siècle, la fiction est porteuse de vérité. Je pense qu'aujourd'hui aussi...

Je devrais aller me coucher. Je viens de rentrer chez moi (il est passé 2 hrs de la nuit) et j'ai un examen à 8 hrs 30. Mais c'est quand je dois le moins blogger que les idées me viennent en tête. Fichue inspiration !

La vie en société impose des rôles. Implicitement, on en endosse un, on se créé un personnage en grossissant certains de nos traits ; on ne ment pas, on ne se cache pas, on s'exagère, on se caricature pour que les gens puissent nous reconnaître, nous « connaître », nous trouver amusants et nous considérer. En ce sens, nous appartenons à un groupe, et notre amour-propre, dixit ce cher Rousseau, s'en trouve flattée. Nous nous enorgueillissons, nous nous pensons une meilleure personne, notre confiance en nous grimpe et nos amis continuent de nous aimer. Alors on continue, on pousse ce rôle, on l'endosse comme une seconde peau et il devient naturel pour nous.

Nous avons l'impression d'être nous-mêmes puisque, en gros, nous le sommes. Nous ne portons pas de masque, nous ne feignons aucun trait qui ne nous est propre ; on grossit les nôtres, on les exagère, les pousse presque, parfois, à l'extrême, au ridicule. Mais nous nous sentons aimés et heureux, acceptés par cette collectivité qui nous inspire, qui nous attire, qui nous semble la meilleure.

Mon rôle n'a pour ainsi dire pas changé depuis le Cégep. Je suis la romantique, l'aristocrate un peu snob qui porte du noir et qui écoute du Classique, et qui finit toujours par « tomber amoureuse » de ses profs (et « amoureuse » prend ici diverses significations. Je pense.) La isabelle du Cégep, c'était ça, et au fond, je l'aimais bien, même si je savais pertinemment que je n'étais pas QUE ça. Et je m'aperçois que je traîne cette isabelle romantico-aristo-déiste avec moi à l'université, comme si cette isabelle que j'ai élaborée en 2 ans était tissée à même la trame de mon caractère. Cette liberté de renouvellement de soi dont me parlait Y. ne tient même plus ; c'est comme si je n'avais plus le choix, je m'imposais inconsciemment ces caractéristiques et je les gravais dans l'imaginaire et les attentes de mes nouveaux amis littéraires.

Peut-être parce que, ayant déjà constaté que cette moi accrochait les gens et les faisait rire, je n'ose pas m'aventurer à explorer différents traits « publiques » de moi de peur de ne pas avoir d'amis. Je ne sais trop.

On croit avoir un contrôle sur soi, sur le personnage que nous offrons au regard avide et critique du groupe, mais l'on s'aperçoit qu'il devient parfois impossible de s'en dissocier. La fiction devient réalité. Nous devenons fiction.

Est-ce que les acteurs, après avoir travaillé, médité et incarné un rôle pendant X mois, peuvent s'en départir comme d'un ordinateur qui ne fonctionne plus, d'un pantalon fade devenu trop petit ? Est-ce qu'ils deviennent tellement leur personnage que ce dernier les influence dans leurs choix quotidiens, sur leurs goûts, sur leur comportement ? Est-ce pour cela qu'il y a tant de couples qui se forment sur les planches d'un théâtre : comment peut-on rendre un amour crédible aux yeux d'un public sévère si nous n'éprouvons rien pour la personne de qui nous sommes censés être amoureux ? Y a-t-il des dépressions, des désillusions, des crises quelconques lorsqu'un acteur délaisse un rôle qui lui seyait particulièrement bien ?

Je pense que je devrais m'arrêter un peu. Peut-être cesser toutes ces réflexions vaines ou, du moins, me distancier de ces pensées un peu trop abstraites en cette nuit où je devrais aller dormir, car j'ai un examen dans moins de 6 hrs.

Je ne me relis pas, j'hésite à poster ce billet, mais tant qu'à l'avoir écrit... Un jour, je regretterai peut-être ce que je dis là, tout ce qu'implique cette philosophie de la création de soi crachée et vomie par un cerveau trop fatigué pour fonctionner correctement.

Mais je fais comme je peux, être de papier que je suis dans la fiction que je m'impose. Et c'est ici que la vulgaire poupée de fiction (moi, en l'occurrence) réalise que ce que je dis devient presque nietzschéen.

Suffit.

Allez hop ! je me couche !

J'ai hâte à mardi ; je vais voir Y. ! Yé, un peu de lumière dans ce gouffre existentialiste et presque plus romantique.

dimanche 21 mars 2010

Satie ferme mes paupières en frappant sur le piano.

J'ai reçu une réponse de Y., une si gentille réponse qui, comme d'habitude, a provoqué chez moi ces bouffées d'affection envers cette grande dame, cette si belle dame ! Malheureusement, je ne pourrai pas aller la voir mardi qui vient, mais je pourrai y aller l'autre mardi. C'est dans si longtemps ! Toutefois, il me semble que je vais bien, que je vais mieux, alors cette rencontre sera purement intellectuelle ; je ne me fierai pas sur nos échanges pour me convaincre que je suis une bonne personne qui n'a pas besoin d'un grand flanc-mou pour être bien. Implicitement, il va sans dire. Ahh, j'ai tellement hâte de la voir ! 

J'ai par contre quelques points à réfléchir quant à cette amitié non-conventionnelle. J'aimerais pouvoir la voir pendant l'été. Mais je refuse de frapper pour une deuxième fois le mur de son refus. Je verrai, ou j'encaisserai. 

Mes envolées lyriques ne seront pas pour ce soir. Mes amours me semblent trop loin dans le brouillard de mon esprit pour m'inspirer une quelconque poésie. Je ne suis qu'une loque, vague et informe, qui n'a pas la force de tendre son bras visqueux vers ces anges cristallins qui s'éloignent en souriant, floues, indescriptibles. Il y en a qui sentent la crème aux mûres et le froid ; d'autres, ce parfum qui me poursuit mais que je ne peux identifier ; d'autres, le détergent à laver et l'après-rasage. Parfois, c'est mon odeur qui se mêle à la leur - je pense à la crème aux mûres ; d'autres, c'est la leur qui s'impose comme maître de mes impulsions. 

Passons. 

Je lis mes courriels et les siens l'un à la suite de l'autre, et je me rends compte que j'écris comme elle. Que j'ai appris à écrire comme elle. C'est stupide. De quoi ai-je l'air ? Vulgaire loque qui se colle à un style... 

Je repense à ma bulle, celle avec B. qui n'a duré que quelques minutes mais à laquelle je me suis si fortement accrochée que j'en suis encore toute habitée. Je m'y suis accrochée, je m'y suis abîmée, mais c'est cet abîme qui était doux et tendre. C'était sentir son regard qui se levait, quelques secondes après le compliment de E., sur ma robe et la brûler de sa curiosité timide et attendrissante. C'était constater qu'il se souvenait toujours de ce que je lui disais, de mes goûts et mes travers. C'était son sourire, son rire que je déclenchais quand je parlais normalement, sans vouloir être drôle ou intelligente. C'était être attirante et belle sans changer, sans m'inventer des passions, sans prétexter l'intérêt ou le talent. C'était être appréciée, regardée en demeurant Moi.

C'est peut-être pourquoi je ne m'en suis pas encore remise. Parce que, comme me disait M. jeudi, c'est tellement plus dur oublier quelqu'un quand « on reste inassouvi ». Quand on a eu droit à une connection, une énergie, un presque-désir puis rester dans le néant, les bras ballants, en se sommant d'oublier. 

Cath m'a dit que ce sentiment que j'ai entretenu pour lui était noble. En un sens, oui, noble est un qualificatif juste pour cet amour, car c'en était. Un amour noble, désintéressé, grand. Pour moi, sans m'attendre à rien, sans m'auto-détruire, sans le blesser. Ébranlement et connivence, attirance et conversations. 

C'était ça, c'était ce qui n'aurait pas dû être, mais c'est arrivé, petite bulle d'éternité entre un homme et une jeune femme qui n'auraient peut-être jamais du se regarder, se rencontrer. C'était un clin-d'oeil, un moment complexe et céleste, éphémère et éternel. Précaire. Tendu par le désir. Soulagé par l'art qui sortait de nos bouches souriantes. 

Je ne regrette pas. J'ai même hâte d'y goûter encore, si cette bulle ne s'est pas totalement dissipée par l'année ou presque d'éloignement. 

samedi 20 mars 2010

Des fois, j'aime à me dire qu'il pense à moi, qu'il s'ennuie de moi...

... mais je sais que ce ne sont que des fantasmes de jeune fille sottement amoureuse, trop et gravement romantique.

Soupir...

T'écrire pour passer le temps, pour cacher le temps

Cath est descendue de Gaspésie cette semaine, puisqu'elle était en semaine de relâche. Je l'ai beaucoup vue, et sa vue m'a fait le plus grand bien. C'était comme avant, comme si le DI n'avait jamais cessé, comme si j'avais continué d'évoluer avec cette quelque vingtaine de personnes qui ont joué un si grand rôle dans ma vie, dans mon développement de jeune femme. Il y a eu des soupers, de l'alcool, un café au Second Cup : l'habituel, quoi, ce quotidien qui a figé un sourire sur mes lèvres et beaucoup de joie dans ma vie pendant la dernière année de mon cégep.

J'ai vu Cath, et ce fut un bain de passé qui m'a fait le plus grand bien. Un bain de passé, certes, mais aussi un éclaboussement de présent. Les choses sont restées pareilles, nous avons longuement discuté de la vie, de notre vie passée et présente, mais il n'y avait pas de changement dans notre amitié. Parfois, on s'attend à revoir la personne telle que nous l'avons laissée et nous en trouvons déçu (voir article précédent) ; la semaine dernière, c'était comme avant, la même complicité, les mêmes rires, les mêmes discussions à coeur ouvert et à âme agrandie, ces mêmes conversations qui ont amené mes notes de la dernière session du cégep à chuter considérablement.

Et j'ai réfléchi. On aime les gens pour ce qu'ils sont, pour ce que nous discutons, pour ce que nous vivons. Mais une partie de nous aime les gens pour le temps qu'ils nous rappellent. J'aime Cath parce qu'elle est une personne fantastique, drôle, intelligente, qui sait écouter, donner de bons conseils et parler brillamment de la vie. Mais j'aime Cath aussi parce qu'elle me rappelle Benjamin, le temps où je le côtoyais. Comme si revoir cette personne que, comme Benjamin, j'ai quittée à l'été pour la revoir épisodiquement pendant la session dernière, entretenait l'illusion que le passé n'est pas révolu, qu'il est présent et qui s'étire, que l'absence n'est que mensonge, temporaire, et que j'allais replonger dans ma vie précédente bientôt.

Comme ces amis d'enfance, peut-être, que nous gardons car ils nous rappellent les moments chers de notre existence.

Mais bon, j'aime Catherine au-delà du passé. Mais ça m'a fait un bien énorme d'y replonger, de me rappeler la vie d'il y a un an.

Wow, un an...

Je vais voir une opérette de Strauss ce soir, opérette montée par la faculté de musique de l'Université où j'ai quelques amis qui étudient. Alors je risque de les voir, ça va être bien. Et oui, je pense que peut-être B. pourrait y être, s'il a envie de voir ses anciens élèves au lieu de jouer au Papa-Modèle à quatre pattes dans son salon. J'amènerai la crème aux mûres au cas où, mais à mon avis, j'ai peu de chance de le croiser.

Je ne le vois jamais; mais je le verrai cet automne !

J'ai aussi écrit à Y. jeudi soir pour savoir si je peux la visiter mardi matin ; pas eu de réponse, mais je ne perds pas espoir. Si elle n'est pas allée au Cégep vendredi, elle n'a sûrement pas vu mon courriel encore, et il y a de fortes chances qu'elle n'y soit pas allée puisque cette semaine était la relâche pour le cégep. Enfin.

La vie reprend un peu son sens. Le sable s'est presque tout dissipé, maintenant. J'ai eu une longue conversation avec M. jeudi ; nous avons passé un moment ensemble, à lire à la bibliothèque et à discuter de la vie, de l'amour, des rêves. Au début, ça m'a fait bizarre, j'ai été ébranlée dans mes belles résolutions d'il y a deux semaines; mais aujourd'hui, ça ne fait plus rien, qu'une coche au-dessus d'une poire, comme chantait Daniel Bélanger. J'apprécie sa conversation, il me fait rire, beaucoup rire, mais je ressens de moins en moins de choses pour lui. Ce qui est très bien !

Mon compte Naxos est expiré, je vais sûrement écrire à B. pour savoir comment je peux l'avoir gratuitement. Mais je n'en suis pas encore là.

Joyeux printemps !

mercredi 10 mars 2010

Morcellement d'une vie mi-sableuse, mi-musicale.

Les garçons sont idiots, et ils puent. 

J'étais résolue à faire une croix sur M., et l'éviter le plus possible jusqu'à au moins la semaine prochaine ; de toute manière, mon cours d'hier était annulé (celui où nous sommes environ 4 premières années et où l'on se parle particulièrement) et j'étais certaine de pour ainsi dire ne pas le voir jusqu'à la semaine prochaine. Et, ce matin, j'avais mon examen de littérature française, dans un local de 100 personnes où tous ses amis y sont ; habituellement, on se voit à peine, accaparés que nous sommes par nos fréquentations respectives, ignorant l'un et l'autre à l'autre bout de la classe... 

Mais ce matin, j'avais soif et je suis allée boire une gorgée d'eau, et il m'a vue, et il s'est empressé d'aller me rejoindre pour discuter un peu de son rêve et de sa grippe (... ?). Comme un ami, comme s'il avait répondu à mon courriel et que l'on s'était vus 3 fois pendant la relâche. 

C'est à n'y rien comprendre ! 

Et ça bousille un peu mes plans. Moi qui croyais compter sur une courte distance pour l'oublier définitivement, il ne fait rien qui puisse m'aider. Ah la la ! 

Heureusement que j'ai réussi à garder une certaine distance (mentale, car j'ai été bien gentille avec lui) pour me protéger un peu ; et, de toute manière, il me fait moins d'effet je crois. 

Vivement septembre, où B. et moi nous retrouverons ! 

Mercredi prochain, je recommence le piano après un cours arrêt de quelques semaines. J'ai hâte de sentir à nouveau l'ivoire des touches sous mes doigts qui en extraieront une mélodie un peu bâtarde, un peu atrophiée, mais pleine de ce vide intérieur provoqué par la concentration de moi au piano, de mes doigts sur les notes, de mes yeux qui déchiffrent la partition. 

Et, éventuellement, je pourrai évacuer le stress émotionnel, scolaire, relationnel qui entrave mes performances aux examens (je suis terrorisée !), mes amitiés et ma santé mentale. 

L'insomnie est revenue, hier. J'espère que c'est temporaire ; j'aimais bien dormir. 

Et je suis brûlée, mon cerveau est de la sauce blanche en ce moment, mais il faut que je continue d'étudier cet examen de poésie qui me ronge de l'intérieur, qui dévore goulûment mon calme, qui me convainc que je ne suis qu'une idiote parmi des génies littéraires (sauf que pour ça, il n'est pas difficile de me convaincre). 

Il fait beau ; je boude les bottes et parfois les bas, et je me promène en ballerines, parce que c'est élégant et je me sens belle dans ces souliers-là. 

Et à dire des choses aussi pertinente, je ferais mieux d'aller me coucher / continuer mon étude pour demain.

Je meurs : exam de litt. française = mal allé ; exam de genres litt. = s'annonce mal. 

Ah la la... vivement les vacances ! 

Et j'aimerais écrire. 

mardi 9 mars 2010

Quelque part entre nous, aux trois quarts de l'allée.

Nous avons souvent, voire toujours, l'impression que, lorsque nous allons revoir une personne quittée depuis longtemps sans l'avoir revue depuis, nous allons la retrouver telle que nous l'avons laissée, 2 mois, 2 ans plus tôt. En sachant que nous avons changé. Comme si nous pouvions changer sans que les autres changent de leur côté.

Et puis l'on revoit cette personne, l'on se percute contre les changements qu'elle a subis et force est de constater que les caractères sont désormais incompatibles, que les intérêts sont opposés, que l'on se tape mutuellement sur les nerfs.

Et puis, petit à petit, nous réalisons, chacun de notre côté en réfléchissant à l'état des choses, que nous n'avons plus rien en commun, que l'amitié est vaine. Et les efforts pourront peut-être réunir deux chemins de vie qui s'étaient éloignés mais, la plupart du temps, nous ne voulons même pas essayer, faute d'envie, faute d'égoïsme. Car il va nous falloir changer, et souvent, nous ne voulons pas changer.

Donc il y a rupture. Passée sous silence, floue et indéfinie, mais rupture quand même.

L'amitié autrefois si forte fait place à l'indifférence.

Dommage.

J'ose seulement espérer qu'il n'en sera pas vraiment ainsi en septembre prochain. J'ai changé, c'est certain ; mais ce changement est-il trop important pour m'éloigner de lui, de son rire chaleureux, de ses yeux qui brillaient ?

Le changement est implacable, la crème aux mûres devra peut-être abdiquer devant lui ; mais à quoi bon se poser ces questions aujourd'hui ?

Nous verrons. J'espèrerai.

Pour l'instant, je me complais dans mes souvenirs en écoutant Coeur de Pirate et The National, ceux qui m'ont accompagnée dans cette aventure extraordinaire du printemps dernier.

Bonne journée de soleil et d'études, isabelle !

dimanche 7 mars 2010

Douce et heureuse nostalgie... ♥

Parfois, ressasser le passé fait du bien.

Raconter l'histoire de B. au complet, me remémorer des moments et les partager, les extirper de leur sommeil léthargique du fond de mon cerveau poussiéreux et les faire renaître par la parole s'est avéré d'un bienfait immense à mon pauvre petit coeur un peu perdu, un peu abimé par l'indifférence masculine de ces dernières semaines...

Ça m'a replongée dans les moments musicaux et sucrés de cette douce période où B et moi nous nous voyions, et ça m'a confirmé encore ce que j'ai compris de cette histoire ; je la sens immortelle et vraie, inoubliable et pas exactement terminée, comme si la mettre en mots confirmait et justifiait son existence, sa raison d'être.

Et j'aime ça, je pense. Parce que cette nostalgie-là, elle n'est pas souffrante, elle fait juste me rappeler les bons moments d'une manière positive, me les rappeler pour me les confirmer, pour me dire que ma vie a déjà été mieux et qu'il n'est pas impossible que ça ait à nouveau bien...

Non, vraiment : discuter de B. et moi, encouragée par un grand café latté et le regard compréhensif de ma collègue de travail préférée à vie, m'a fait du bien, m'a aidé à mettre en lumière les beaux moments et m'a insufflé comme un indice comme quoi tout n'était peut-être pas autant terminé que je le crois.

Pas que je vais mettre tous mes efforts là-dedans, mais, au fond, qui me dit que cet homme-là est complètement sorti de ma vie ?

Enfin. Je sens le regard désaprobateur de mes lecteurs avant même d'avoir publié le billet. Dites-vous au moins que j'ai à peine pensé à M., ce soir.

Ce qui n'est pas à négliger.

Je dois vraiment réviser mes notes de littérature française, cela dit, question de charmer G. avec mes résultats exemplaires.

Et je travaille demain.

Merde.

samedi 6 mars 2010

Je vomis des alexandrins

Ouf !

Analyser des poèmes, à la méthode de ma professeure de Genres Litt., est un sport extrême ; je n'en peux plus de compter des pieds, d'examiner des structures, d'étudier des enjambements et des contre-rejets en m'attardant à peine au sens des mots, des figures de style, des champs lexicaux.

Je pourrais presque par // ler en alexandrins.

À temps complet.

Bon, hormis ma saturation profonde de l'analyse structurale poétique et mon fantasme le plus grand dernièrement de bruler mon petit traité de versification (La Société des Poètes Disparus : arrachez les 22 premières pages de votre recueil de poésie. Ahh...), je prends une résolution capitale : M. est mort.

Dans mon coeur, du moins, puisque je ne voudrais pas qu'il meurt pour vrai.

Je veux que nous soyons amis, mais je cesse à partir de maintenant de penser à lui comme à un potentiel amoureux ; il n'est pas intéressé, je ne l'obligerai pas et je ne veux plus perdre mon temps à m'acharner. Je ne veux plus avoir de peine pour ce petit insignifiant au teint et au foulard rougeâtres. C'est fini.

Voilà. Et, pour faciliter l'oubli, je me propose de me forcer à tomber amoureuse pour vrai, pas en blagues parce que ça, c'est fait depuis longtemps, de mon prof. de littérature française, G. Ça ne devrait pas être trop trop difficile, je suis en terrain connu, et il est tellement cultivé et cute que ça va presque aller de soi. J'aurai juste à passer outre sa calvitie précoce, mais sinon, c'est l'homme de ma vie.

Et c'est tellement sexy une relation prof d'université - étudiante !!

Ça va m'encourager dans mes avances subtiles de doux regards dans l'auditorium où 100 élèves prennent fiévreusement en notes ce que l'accent français craquant de G. débite en termes livresques et érotiques à mon égard. Surtout qu'il n'est pas si vieux que ça (environ 36) et que, selon mon radar, il n'est pas marié.

Isabelle, c'est ta chance de te venger de M. et de réaliser ton fantasme le plus fou.

Voilà pour en fin de semaine. Peut-être un peu trop de bière hier, pas assez de sommeil cette nuit et trop de travail aujourd'hui rendent cet article d'un n'importe quoi remarquable, notable mais c'est ce que j'ai à dire.

Vivement mon cours de Formation à la vie culturelle de la session d'automne, où B. et moi renouerons enfin nos regards luisants !

Un grand latté du Second Cup et mes notes de littérature française pour ce soir !

jeudi 4 mars 2010

Bonne fête Vivaldi !

Je suis nostalgique.

Je le suis toujours un peu, mais aujourd'hui, c'est douloureux, c'est comme un fer chauffé à blanc qui me passe sur l'oesophage, de la gorge au coeur. Des images me reviennent, constamment, et me lacèrent le visage de leur sourire brillants et de leurs yeux moqueurs ; je me rappelle de trop de choses en même temps, le petit bureau sans fenêtre, l'arbre de Catherine où nous nous assoyions quand il avait commencé à faire beau, les mercredi matins où le Café Wazo étouffait mon bonheur imminent et envahissant, les lames du fleuve qui caressaient la berge quand on allait marcher à la Plage Jacques-Cartier pour discuter de la vie, l'odeur Lush des cheveux de Cath, la froide humidité du A-204 où la musique nous éclaboussait de chaleur des énormes caisses de son que j'aimerais tellement revoir...

Mahler m'a tué ; B. n'y était pas, et le besoin de le revoir s'est intensifié, peut-être encore plus puisque je ne peux plus aller le visiter.

J'entends encore son rire. Il est moins défini qu'avant, un peu flou parmi les relents symphoniques et les voix masculines de mes souvenirs qui peuvent le masquer, mais il résonne encore parfois dans ma tête, cloches musicales qui tintent et qui me lacèrent.

Il y a aussi cette image dans ma tête, comme une photo que l'on aurait pris à notre insu, son rire et puis ses yeux qui remontaient en dévoilant ces lueurs que je ne devais jamais oublier.

Les souvenirs se bousculent la place dans un tourbillon impressionniste. J'ai l'impression que ma tête est le Faune de Debussy en ce moment, à défaut de reparler de la Valse de Ravel.

Mahler était magnifique, mais B. n'est pas venu ; et ça me tue.

La vie me tue en ce moment. Et je ne pourrai pas revoir Y. avant 3 semaines, alors que j'aimerais tellement aller lui parler, de n'importe quoi au fond, juste pour sentir que je suis quelqu'un de bien.

C'est la fête à Vivaldi. Il y a un an, B. nous avait parlé de Vivaldi, avait dit, avec son ton humoristique et un peu ironique : « Ah, ben bonne fête Vivaldi ! » ; il y avait eu du Prix Littéraire, et j'avais remarqué M. pour la première fois.

Je voudrais retourner dans le temps, reculer d'un an et revivre, en boucle, les 3 derniers mois de mon Cégep.

Ah, je suis nostalgique !

mercredi 3 mars 2010

Ce que peut la littérature ; ce que doit la littérature.



La littérature est pour moi une ouverture sur le monde. Un moyen d'accéder au vrai, de toucher du doigt la grandeur et la misère humaine ; c'est par la littérature que l'on se définit, que l'on se construit, que l'on forge sa pensée ; c'est par elle que l'on évolue, que l'on se renouvelle, que l'on devient indépendant, d'esprit du moins.

Une fille du bac. m'a dit que, pour elle, la littérature est violente ; elle bouleverse, elle choque, elle renverse. Je suis en partie d'accord avec cela. Oui, au bout de chaque lecture, il faut avoir appris quelque chose, il faut s'être confronté à une pensée et en avoir cueilli quelque chose de nouveau, d'ébranlant peut-être. Mais ce n'est pas l'intensité du choc qui fait une littérature : c'est, je crois, l'aspiration à une vérité sur le monde, sur l'homme ; c'est l'approfondissement d'une pensée, d'une valeur qui persiste malgré les siècles : c'est l'aspiration à l'universel, à l'intemporel, à l'essentiel dans l'expérience humaine, autant individuelle que sociale et historique. C'est, comme je le disais plus haut, aspirer au vrai mais aussi le partager aux lecteurs contemporains et futurs, les amener à toucher à ces vérités un peu floues et indéfinies mais tellement présentes par les sentiments, par la réflexion, par l'identification et le jugement.

La littérature c'est le grand, le beau, le vrai, mais aussi le laid et le dégradant ; c'est autant la paix que la violence, l'amour que la haine la plus vicieuse et viscérale. La littérature peut être complaisance, connivence avec l'auteur lorsqu'il y a partage de savoirs et de valeurs, mais se doit d'être bouleversement et remise en question. La littérature touche à tout et englobe tout ; elle rassemble les hommes dans les confins de leur condition, dans leur grandeur comme dans leur petitesse.

La littérature, c'est le monde étudiés et contemplés sous tous ses angles, les lumineux comme les poussiéreux.

Et je pense que la chose la plus triste pour l'homme et son avenir est l'énorme décroissance de l'intérêt que nous portons à cette discipline qui a pourtant tellement de vertus, tellement de promesses et de solutions aux plaies de l'humanité...

L'art sauvera peut-être le monde, si l'abrutissement du peuple ne le perd pas avant...

mardi 2 mars 2010

t'EUF t'EUF, speak white por favor.

Je viens d'aller perdre une belle heure ensoleillée à lire des articles sur le site du Devoir, à défaut d'être moi-même abonnée (j'y songe sérieusement, mais je ne lis pas vraiment le journal en temps normal...) ; je suis ainsi tombée sur la critique d'un journaliste sur un projet qu'un professeur au collégial a lancé à des écrivains québécois, soit de réussir l'Épreuve uniforme de français (je vous renvoie au texte original : Essais québécois) Bon, je vous épargne un peu les conditions, mais celles des écrivains étaient bien meilleures que celles que nous avons à subir au sortir de notre cours de français III : alors que nous avons 4 h 30 pour prendre conscience des 3 sujets possibles, lire les textes, réfléchir sur un sujet et puis rédiger la dissertation critique, les écrivains ont eu plusieurs semaines pour le faire, ont pu choisir parmi tous les sujets proposés depuis l'instauration de l'EUF et ont eu la chance de ne pas être évalués pour la qualité de la syntaxe et de la grammaire. Enfin, c'est plutôt horrible comme concept, ça ne sert strictement à rien ; il aurait été bien plus intéressant de voir le résultat des écrivains sous les conditions réelles de l'EUF ! Mais bon. Je ne m'étendrai pas là-dessus. 

Je profite donc de ma pause de lecture qui s'éternise (nooon, je ne veux pas commencer Maupassant, je n'aime pas Maupassant, même Yolaine ne m'a pas fait aimer Maupassant !) pour réfléchir un peu sur la pertinence de l'EUF ou, plutôt, sa nécessité. 

Honnêtement, je trouve ça un peu triste que l'on en soit arrivés là, à cette épreuve qui est, somme toute, assez facile si l'on connait bien la structure dissertative que l'on se tue à nous apprendre lors de nos 3 cours de français. Je ne suis pas une brute des plans argumentatifs ; mes plans sont à l'image de mon intelligence, un peu boiteux et incohérents ; mes idées sont prouvées par des exemples et des citations qui sont souvent tirées par les cheveux, et j'ai quand même réussi à avoir B ! (il faut C pour passer) Je pense que la plupart des gens ont ce B un peu moyen pour la démarche analytique / argumentative. 

Le côté triste dans tout ça est que 90% des gens qui échouent l'EUF le font à cause d'un manque de maîtrise de la langue. Les fautes de français. Killer. 

Et je ne comprends pas ! Il y a de cela quelques décennies, paraît-il, les étudiants avaient beaucoup plus de facilité en français. Quand j'étais en secondaire 5, notre professeur de français nous avait fait faire une petite dictée : la moyenne de fautes dans ma classe - la classe dite « forte » - était d'environ 8 alors que celle de 1950 était de 2 ! 

Je me suis souvent posée sur la question : qu'est-ce qui fait qu'on est aussi nuls en français, nous, la génération des perdus, la génération sur la lisière de la télévision et d'Internet ? Est-ce, justement, à cause de cette proximité de la technologie qui nous pousse à mal écrire et à ne plus lire, que nous sommes rendus des déchets de la langue française ? Est-ce parce que nous ne lisons plus, occupés comme nous sommes à écouter des insignifiances télévisuelles et à aller raconter notre vie a-grammaticale sur Facebook ? 

Ou, justement, est-ce cet encouragement à aller nous bourrer la tête de multiples autres langues avant de maîtriser tout à fait la notre qui nous fait trébucher ? Les jeunes, à peine comprennent-ils la structure de base d'une phrase, sont encouragés à aller apprendre celles de l'anglais et de l'espagnol, mélangeant ainsi les bases pour donner une langue maternelle atrophiée et meurtrière à leurs années de cégep. 

Je ne suis pas contre le polylinguisme ; je trouve qu'il est utile de parler une deuxième et une troisième langue, mais à quel prix ? Ce qui me semble arriver aujourd'hui, c'est qu'on banalise l'importance de bien parler français, qu'on relaie au statut de simple moyen de se faire comprendre. Bon, peut-être est-ce la base, se faire comprendre ; mais pourquoi l'atrophier ainsi, notre si belle langue française alors qu'elle est déjà si menacée par la mer anglaise qui n'attend qu'un petit coup de vent pour l'engloutir ? Pourquoi tout sacrifier des beautés poétiques du français sous prétexte que l'anglais est la langue internationale, celle que l'on parle de plus en plus à Montréal de toute façon ? Tant qu'à faire, à quoi sert l'entretien et l'élévation d'une culture si elle passe toujours en deuxième après l'American one ? 

J'ai déjà été américanophile, et je le regrette aujourd'hui. Je stipulais, haut et fort, et à qui voulait l'entendre, que la culture francophone, et québécoise surtout, ne valait rien à côté de celle de « l'Aigle trop fier » ; comme j'avais tort ! 

Et malheureusement, beaucoup, sans peut-être en avoir conscience, agissent ainsi ; c'est l'américanisation du monde depuis un demi-siècle, et ça me dégoûte. 

Aujourd'hui, je suis muette sur les aléas de mon existence. M. n'est pas venu lundi, et on dirait que je m'en fiche. Je n'abandonnerai pas, mais je ne ferai plus de grands efforts non plus. Advienne que pourra, petit homme ! 

Et j'aimerais voir Yolaine aujourd'hui. 

lundi 1 mars 2010

Comme j'aimerais épouser Chopin !

« Bach est un astronome qui découvre les plus merveilleuses étoiles. Beethoven se mesure à l'univers. Moi, je ne cherche qu'à exprimer l'âme et le coeur de l'Homme. » - Chopin

En voilà un qui a compris, et que j'admire pour la justesse de sa remarque.