jeudi 29 juillet 2010

Le vin, vieil amant qui ne déserte jamais.

Dur réveil. Dur lendemain d'une soirée de coupes de vin rouge, de cigarettes et de vieux souvenirs ressassés du passé entre deux ou trois propos plus frivoles. Quelques heures de sommeil à peine pour faire face à mon irresponsabilité et me rendre au travail tant bien que mal. Et le café ne fait pas encore effet : combien en faudra-t-il pour compléter revivifier mes neurones sclérosées dans un sommeil de lendemain de veille ?

J'ai bu du vin, et j'ai trop parlé. J'ai tout raconté à une amie sur B., sur un banc d'autobus indiscret, où le brouillard d'ivresse qui m'entourait dissipait la foule et faisait tomber mes inhibitions. Il y en a pour qui l'ivresse hausse la libido et provoque cette envie de coucher avec un peu n'importe qui ; pour ma part, c'est surtout mes secrets que je dilapide, et non mes baisers, mon amour. Peut-être est-ce seulement car je n'en ai pas la chance, et l'alcool englouti impose la dilapidation de quelque chose de précieux. Je ne sais pas. Peut-être est-ce une manière d'évacuer tout ce côté guindé qui est le mien et qui m'enferme, qui me coince ?

Le fait est que je suis un peu tannée de crier ma vie à tous les toits sous prétexte que j'ai un verre de trop dans le nez.

Et que j'ai vraiment envie de revoir B. en ce moment, même si je suis terrorisée à l'idée que les choses puissent avoir changé entre nous. J'aimerais reprendre nos échanges là où nous les avons laissés, mais j'ai peur de me frapper au mur du changement, de m'y briser ; de revivre la froideur de R. dans les traits plus jeunes et plus "amoureux". D'avoir attendu 1 an pour finir par, au fond, envenimer le souvenir d'une belle histoire qu'il m'importe tellement de recommencer.

Et en attendant d'avoir une réponse à mes inquiétudes, à certains courriels qui ne lui sont pas dédiés, je continue d'étirer l'amour comme un vieil élastique trop usé.

mardi 27 juillet 2010

La cigarette.

Le coeur encore serré par une angoisse inexpliquée, inexprimée ; la vision intermittente d'un rêve étrange où je le retrouvais comme autrefois, dans un local éclairé par des vieux néons et des fenêtres enneigées. On parlait comme avant, on se souriait et ce jeu de regards reprenait comme s'il n'avait jamais cessé, comme si le fil qui liait nos yeux ne s'était jamais cassé.

Une amie me disait: « C’est donc bien déplaisant rêver à quelque chose de trop beau. Ça fait mal. Je préfère les cauchemars aux rêves, au moins, tu te dis que c’était pas vrai, une couple de mauvais sentiments pas vraiment ressentis. » 

J'ai repensé à ça ce matin, et c'est absolument vrai. 

Alors je bois du café et essaie de lire Proust quand tout ce à quoi je pense, c'est lui, c'est la possibilité de reprendre nos échanges comme avant. 

J'essaie d'écrire, j'essaie de voir des gens : et rien n'est fructueux. 

Alors j'écoute cette chanson. Et je la chante, et j'ai hâte d'avoir des nouvelles. 

dimanche 18 juillet 2010

Fragment littéraire

J'ai construit un château avec des mots et des images où j'ai enfermé son visage de lumière. Fortesse résistante aux violents assauts du monde, à l'implacable raz-de-marrée de la réalité qui engloutit le reste. J'ai construit ce refuge pour elle, par refus de la laideur, par répulsion du quotidien, pour échapper à l'étouffement et à l'abandon. Et nous y allons ; nous nous y enfouissons pour discuter, pour partager des impressions vagues, de confidences masquées, des secrets abusés. Nous bâtissons des paroles, des rêves de toiles de Monet et d'esquisses de Cocteau. Château à part du monde pour y faire fleurir cet amour quasi-familial et autarcique entre des murs de lumière et de beauté.

Jardin indiscipliné de cerisiers en fleur, d'arbres Ming en quartz rose, de bonzaïs sauvages où nous prenons le thé l'après-midi et du vin rouge le soir. Souffles de paroles et de rires ininterrompus par l'heure, par les autres ; elle reste avec moi, toujours à mes côtés, et son sourire soutient mes nuits d'insomnie, mes phobies de médiocrité. Elle m'apprend la vie dans ce jardin, la valse : elle m'enseigne les bons pas, ceux qui me porteront et me fortifieront à l'extérieur, dans ce monde défiant où son départ me plongera.

Mais elle ne partira pas, du moins pas encore ; et elle me sourit lorsque je lui expose mes craintes, mes larmes. Sourire qui attrape la lumière, qui joue avec elle comme un prisme de verre ; toute la beauté du monde nait sur son visage, git en sa personne, et c'est des yeux d'enfant émerveillé que je lève chaque jour sur ses traits. Contact de soie de sa main contre ma joue, baiser chaste sur mon front déférent.

Mon château, j'y cache mes peines de coeur et elle panse mes blessures avec ses douces paroles. Je lui parle de mes histoires en les peignant comme Turner, et elle m'offre les siennes en échange en oubliant les ans. Elle s'affaire parfois sans moi, et je peux ainsi la contempler des heures durant, aspirer sa beauté d'un regard attentif, recueillir son sourire tandis qu'elle parle au téléphone, lit un roman ou fait cuire un gâteau.

Et puis le soir, avant de m'endormir, je souhaite ardemment que ce château ne soit pas le fruit onirique d'une imagination sans borne, sans issue.

samedi 17 juillet 2010

Mes mains sur ton ombre.

Je suis comme vouée à être enchaînée à ma boîte de courriels en attendant une réponse, une confirmation, une permission de passer, de voir : des amis, yolaine, benjamin, etc. Et souvent, j'ai peur, je reste sur le qui-vive à craindre ce retour de mots, à craindre que l'on m'abandonne, que l'on m'ignore, que l'on m'oublie.

J'aimerais être de ces personnes que l'on attend, dont l'on désire la présence et la proximité. Mais je suis celle qui attend, je suis la Pénélope tisserande qui tisse d'ailleurs en vain, en l'honneur d'une fidélité imbécile et sans issue, sans but. Je flotte dans un brouillard opaque et suffocant de souvenirs flasques, d'images dont je ne suis même plus certaine de les avoir eu en ma possession. Ressasser des souvenirs et relire des vieux messages pour m'assurer de leur existence, de leur réalité ; laisser rejouer sans cesse dans ma tête ces moments partagés à la lumière des néons, du soleil pour ne pas les oublier, pour ne pas les atténuer. Mais il est toujours impossible de recréer les évènements tels qu'ils se sont réellement passé, et l'on finit toujours par s'inventer un passé fictif et déformé, formaté par nos inclinations et notre propre sensibilité.

Peut-être, donc, tout ce que je raconte ici et qui date de plus d'un an parfois est tout déglingué : interprétation des souvenirs gigognes d'un amour abstrait, désespéré. Incertitude nouvelle alors que j'ai été si sûre de cette attirance qui le drainait vers moi dans une foule devant la fontaine du Casault, qui faisait lever le brun de son regard sur moi tandis que je me noyais dans un flot de paroles impertinentes mais qui l'intéressait quand même... Incertitude nouvelle, alors que tout cela m'était presque certitude à l'époque de nos échanges.

Un jour, j'arrêterai de ressasser toutes ces images et m'enliserai dans une relation tranquille, charnelle, sans grandeur peut-être.

Mais pour l'instant, laissez-moi repasser en boucle mes histoires tandis que j'attends le refus cruel d'un café avec un ami par la voie incertaine des courriels...

J'ai des nouveaux produits pour les cheveux, dont un shampoing qui sent les Pops Sicles et un revitalisant qui doit être celui que Cath utilisait au cégep ; du coup, je me sens une imposteure car je laisse l'odeur d'une autre émaner de moi.

Et cette autre n'est pas de celles avec lesquelles je décide de ne faire qu'une.

jeudi 15 juillet 2010

Jolie phrase arrachée à un autre blog.

« Tout ce que j'ai pu retenir de ces quelques jours, tient a peine dans un billet de spectacle froissé, écrasé dans une poche perdue. »

Inspiré par Andy, sur Andy-diary, un blog de fragments littéraires extrêmement intéressants.

Et puis, ouais, ça me rejoint. Cette obsession avec les billets de spectacle, de concert, de théâtre ; les cartes de visite, les billets de cinéma, les plans d'une ville où nous avions caché nos regards brillants de jeunesse et de flirt innocent ; je pourrais encore retrouver le goût salé du plat que nous avions partagé dans le restaurant chinois sous des néons dont l'éclairage vacillait. Humidité dans mes cheveux, suintante dans mon dos, humidité qui tachait de sueur cette robe achetée exprès pour l'occasion. Robe qui m'avait valu un regard curieux et timide de ta part, attrapé au vol comme les graines de pissenlit mort que le vent fait valser. 

J'ai retrouvé le billet d'opéra récemment, tout froissé dans le fond d'un tiroir. Longuement trituré dans la poche de mon manteau, par des mains moites et une nervosité plus ou moins contrôlée. Plus ou moins existante, peut-être, car il me semble qu'elle s'était dissipée. Me laissais porter par les bourrasques d'humidité, par tes pas décidés. La nervosité courbait l'échine devant ton regard amical, aimant par intermittence. Billet d'opéra blanc, strié de plis et de rides, comme l'histoire inexistante qui me relie encore à toi. Billet rectangulaire et fané où persiste des fragments invisibles de toi.

Le billet, il demeure maintenant dans mon porte-monnaie avec tous les autres. Masqué par l'insignifiance d'autres spectacles vus sans toi ; mais il reste dans mon sac de propagande nietzschéenne, entre les feuillets multicolores d'un porte-monnaie un peu déglingué. Morceau de toi contre moi, toujours, avec cette crème aux mûres désaffectées et toute salie que je ne mettrai plus sans te voir. Billet conservé pour rien, pour toi, pour t'avoir en moi. Pour me rappeler que l'on a marché, soupé, rit ensemble ; que tes yeux scintillaient dans les salles épurées du Musée d'art Contemporain et que je sentais ce lien, cette force qui m'attirait toujours vers toi. Tes avances silencieuses dans le feu de ton regard, dans l'éclat de ton sourire, dans la manière dont tes dents brillaient quand tes lèvres foncées les dénudaient, les dévoilaient. C'était comme le dévoilement secret et tacite d'un accord, d'une attirance partagée et tue. Et, c'est drôle, mais le blanc jauni du billet d'opéra me rappelle ça.

Ça me fait du bien de garder ces images. Même en un vulgaire ticket d'opéra.

Et je hante Capsule à l'affût des lettres qui composent ton nom.

Question d'étirer l'amour comme un vieil élastique trop usé. 

mardi 13 juillet 2010

Soupe-opéra.

J'aurais envie de tout laisser le passé derrière, de me débarrasser de tout ce qui m'englue dans un passé sclérosant, stérile. Me lever et partir, en secouant les miettes de ma vie. Sans regret, sans hésitation. 

Mais je ne le fais pas, et espère encore que ce passé portera ses fruits, m'offrira des lambeaux de soleil souriants et qui en valent la peine. 

Alors je lis Proust et je bois du vin, ou j'espère sortir avec un jeune homme pour rendre Benjamin jaloux à l'automne. 

Comme si c'était une solution...