mercredi 29 décembre 2010

Fascination.

Son teint est au bord du gouffre, ses cils ne battent presque plus ; une épave dans une salle à demi-vide, dans le bruissement des nuits de fin décembre. On la croirait morte, presque, avec cette peau diaphane et cette tristesse sur les joues. Des doigts qui jouent avec l'ourlet de son manteau en attendant l'obscurité. Vidée par l'hiver qui ne fait que commencer.

Mais elle prend la situation à bras-le-corps et dirige les lumières sur moi ; me demande si je vais bien, si je passe des belles fêtes. Elle me semble affligée, mais elle remet le masque de sa beauté et me sourit en s'enquérant de moi. Elle m'a l'air heureuse de me voir, touchée de ma course pour la saluer.

Mon ivresse ne se rappelle de rien, d'une vague sensation de plaisir à me rencontrer par hasard et de la douceur de sa joue contre la mienne. Joyeux Noël, et une joue poudrée, un peu fripée tendue contre mon haleine de bière et de cigare à la menthe. On se revoit en janvier ?

J'ai toujours un pincement au coeur quand vient le moment de la quitter. Elle m'émeut et me fascine, mais ses marques d'amitié naissante me font oublier tout le reste, la vie amoureuse qui ne mène à rien, les moments de solitude interminable, les sourires feints et la poésie qui dérape.

mardi 28 décembre 2010

« Quelquefois je ne puis comprendre comment un autre peut l'aimer, ose l'aimer, quand je l'aime si uniquement, si profondément, si pleinement, quand je ne connais rien, ne sais rien, n'ai rien qu'elle ! »

Goethe, Les Souffrances du jeune Werther, p. 114.

dimanche 26 décembre 2010

Étirement

Flirter avec la limite est grisant.
Mais il est peut-être temps de la franchir. Ou de m'en éloigner.

Tourner le dos aux émois deux ans trop tard.
Cesser d'étirer ce regard que l'on a connu un jour que février s'éternisait et nous engluait dans l'inaction.

Ce qu'adviendra de l'immobilité, 2011 me le dira d'une brise caféinée.

jeudi 23 décembre 2010

Joues froides

Tes joues ont le goût du temps qui passe
J'y puise un peu de soleil du bout des doigts

Une dernière feuille s'est posée au bord de la fenêtre
Elle craque sous ton souffle    sous le poids de tes yeux
   et s'envole avec la poussière.

Tes joues ont le goût des soirs d’hiver
J'y glisse comme sur la neige après la pluie.

Un visage disparaît dans le mouvement
Il s’agrippe à mes yeux     aux dernières lueurs du soir
   et meurt dans un sursaut symphonique.

Tu marches sur un fil
Tu ne regardes pas en bas par crainte de fêler le verre.

J’ai peur du vide colmaté par les cafés froids
   les soirées venteuses lourdes de silence
      des doigts immobiles, las de se chercher

Le temps passe encore et ne tombe pas
      comme la pluie lourde de décembre.

J’attends que l’on me tende l’autre joue.

samedi 18 décembre 2010

Isabelle = 1 ; La vie = 0

Tout est bien qui... ne finit pas ! :)

Dans la mouvance d'une foule qui se disperse, on a discuté. Comme avant, comme lorsque tu couvrais tes mains de soleil et de fer, et que tu ancrais ton regard sur le mien. Tu me parlais, tu me contemplais comme si j'avais été une oeuvre d'art émouvante de beauté et d'éclat.

Je ne te comprends pas.

Un instant, et tu changes complètement de tactique. Tu ne m'oublieras pas, tu me l'as laissé sous-entendre. Tu restreins la distance entre nous, tes mains sont puissantes et me convainquent de ne pas te laisser filer entre mes doigts.

En nous quittant, tu t'es retourné deux fois. L'instant de capter mon regard, de me partager ton consentement ; de me faire comprendre que ce n'est pas terminé, que tu étais content de m'avoir dans ta vie. C'était un regard de trop, peut-être. Un regard qui voulait comme tout dire. Complice et charmé.


« Il y a entre nous mille silences et la distance de l'infini. »

mercredi 15 décembre 2010

Nos profils désuets

On se quitte, mais pas tellement. Une bourrasque de neige qui nous désunit. Les joues qui craquent sous le froid et les pieds mouillés. Incertains de se revoir, mais en même temps, oui. Je repasserai, et tu le sais. 

La neige infiltre les petites bottes et tu me regardes sortir dans la tempête. Le campus est désert, mes mains aussi. Je jouais avec mes doigts pour ne pas agripper les tiens. Tu me souris, tu penses à l'Argentine et à Noël. 

Je t'ai écrit des choses que tu ne liras jamais. 
Je t'ai livré l'univers et tu ne le cueilleras jamais. 
Je t'offre ma vie et tu la regardes, en sachant que tu n'y toucheras jamais. 

Je te laisse une odeur de mûres sauvages, une salutation inopinée entre les murs verts déglingués lorsque je n'en pourrai plus de ton absence. 

La valse aux adieux a repris là où nous l'avions laissée. Rythme ternaire et piano fébrile. Tes doigts nus se cognent contre les touches d'ivoire et je ne trouve même plus les larmes pour t'accompagner. 

La neige tombe sur ma tête et les mots que je n'arrive même plus à saisir quand ils coulent de ma bouche. 

Au plaisir, qu'on dit ? 
Je crois, oui.

À ce soir, peut-être... 
Pourquoi l'espérer ? 

Ma langue craque en attendant le vin rouge qui noiera ton visage dans un flot de mouvements. 

Et décembre me nargue des décombres de nous. 
Un Noël en ruines. 
Une solitude sous les couvertures, et le feu qui craque comme pour me rappeler tes rires symphoniques. 

Bonsoir. Joyeuses fêtes. À bientôt ? Probablement.