dimanche 29 mai 2011

Il reste dangereux d’être jeune, même à tes pieds.

« J’éprouve parfois l’impression que nous habitons une même pièce avec deux portes qui se font face ; chacun tient la poignée de la sienne ; à peine un cil bouge-t-il chez l’un, l’autre est déjà derrière sa porte ; que le premier ajoute un mot, l’autre a déjà certainement refermé sa porte, on ne le voit plus. Il rouvrira, car c'est une pièce qu'on ne peut peut-être pas abandonner. Si le premier n'était pas comme l'autre, il garderait son calme, il aimerait apparemment mieux ne pas regarder ce que fait le second, il ferait petit à petit régner l'ordre dans la pièce comme si c'était une chambre pareille à toutes les autres ; au lieu de quoi il travaille comme l'autre de sa porte, il arrive même que chacun soit derrière la sienne et que la belle pièce reste vide. »

Lettres à Milena, F. Kafka (p. 41-42)

mercredi 25 mai 2011

La beauté des choses laissées en suspens

Le café est mauvais, le temps aussi.

Je vis dans un néant perpétuel d'attente indécise, un peu floue. J'attends, et je ne sais même plus qui est-ce que je souhaite voir au bout du chemin.

J'ai délaissé mes carnets et je ploie sous un printemps maussade. Un printemps qui joue avec mes ambitions, les froisse, les taquine un peu. Rien de bien méchant, un délassement, l'espoir d'un peu chaleur dans tout ce gris trop pâle.

J'ai fardé mes yeux de noir et de poudre ivoire, j'entoure mes poignets de perles et je quitte le navire à demi, certaine d'y revenir, trop rêveuse pour en finir.

J'ai figé mes histoires, mes déboires l'espace de quelques mois. Le temps que les arbres fleurissent, que le vent hume l'orage et que les herbes soient dorées comme le ciel. J'ai figé mes histoires pour mieux y revenir, encore, à l'automne, quand tu auras quasiment oublié jusqu'à mon nom et que ton visage s'éclairera d'un sourire à ma rencontre. Imprévue, agréable. Ton sourire et tes yeux qui s'accrochent aux miens, ne veulent pas s'en défaire. Sous-entendus et non-dits qui demeurent, qui flottent, qui nous étourdissent ; mais dont nous ne parlons jamais, ni maintenant, ni plus tard.  

Après tout ce temps... je suis là. Sur le coin d'une porte, et tu me souris. Sourire conquis dans toute cette lumière chaude, trop chaude. Tes doigts sur la table. Les miens contre ma joue. Les instants fugitifs de l'attirance mal-appropriée.

Je jongle avec les possibilités, les envies de chair ou de solitude. Je ne règle rien, je laisse voguer ma vie, les ébauches de sourire que j'ai laissé flotter avec la neige. J'attends que mes jours me rattrapent au détour de septembre ou avant, si ils sont trop pressés de me revenir.

J'attends et contemple, derrière moi, la beauté des choses laissées en suspens.

dimanche 1 mai 2011

J'aime quand il me parle et qu'il est si proche que je peux détailler les ridules autour de ses yeux sans même qu'il n'ait à plisser son visage ou l'étirer.