samedi 30 juin 2012

Erreurs estivales

Il y a de quoi qui me colle à la peau. Une poix qui dissémine ma décence à travers toutes les gaffes possibles et impossibles. La vanité cultivée par l'ennui, par la possibilité de passer à autre chose avec des rires gras de fin de soirée. Complicité éthylique et convergences d'intérêts pour mieux me décevoir, le matin.

L'alcool qui fait frémir la chair, le coeur en morceaux. Et ce matin trop chaud qui se fracasse en rayons éclatants, brûlants, comme nous. La sueur qui ruisselle, l'ardeur qui me rattrape au détour de caresses trop lentes, l'amour pressé et insatisfaisant.

L'incongruité d'un autre épiderme alors que j'ai encore la peau de l'autre sous les ongles, l'odeur de l'autre dans mes cheveux. Mais une fierté vengeresse à m'imaginer la première à franchir les limites d'un « autre partenaire. »

Et le malaise au salon. La fuite, deux baisers pour seule réaction devant la confusion de mes désirs. Le silence qui s'ensuit, la honte qui nous colle aux semelles, l'insatisfaction des choses précipitées. L'amer arrière-goût d'avoir tout cassé, encore.

J'émerge d'un écueil en tombant dans un autre. Porte de sortie qui m'enfonce davantage dans les entrelacs du deuil amoureux.

Rien ne change, les jours d'été me tuent un peu plus chaque jour.

Et tu ne reviendras pas. Seule certitude qui se profile au loin, dans le ronron interminable du temps. 

mardi 5 juin 2012

Bon pour sketa

« Mais ce n'est pas de ma faute, je fais de mon mieux, le plus mal possible. » - Réjean Ducharme

J’ai décidé de relire Dévadé. C’est pas la meilleure option, j’en conviens, les phrases qui défilent me ramènent avant, à nous, à toi, à toi qui ne veux plus me parler. Ce n’est pas que ma vie soit vide, je la remplis de bières froides et de rires chaleureux, je la gave de distractions jusqu’à ce que je n’en puisse plus, jusqu’à ce que le foie déborde et que le porte-monnaie s’effeuille. Mais je fais le peu que je peux pour subsister, mais quand le peu, c’est le pire, seize semaines estivales ne sont pas assez pour t’oublier.

Et à travers toute cette frénésie que je m’impose, faute de mieux, tu ressors de temps en temps. Tu ne dis rien, tu laisses le petit cercle vert à ta droite parler en ton nom. Se taire en ton nom, aussi longtemps que le durent tes envies de potinage silencieux, de butinage prétentieux. Tu as mes mots sur le cœur, mes larmes en haut-le-cœur, et mes supplications t’écœurent, mais tu manques de ventre pour me balancer ta haine en plein visage. Tu préfères fuir la réalité, t’enfouir le nez dans de nouvelles amitiés comme pour me crier que toi aussi, tu es apprécié, que toi aussi, on ne te laisse pas tomber ; comme si tu n’étais pas le seul qui avait voulu te laisser tomber.

Alors je vais mon chemin, pansant mes blessures financières de nouveaux contrats, renouant les vieilles amitiés avec toute l’énergie du monde. Et je relis Dévadé, parce que tu revis un peu à travers les caractères, parce que j’y glane des phrases que je pourrais t’envoyer pour traduire tous les regrets qui grugent les commissures de mon rire. Je relis Dévadé parce que c’est un peu comme boire à la lie de mes erreurs, pour mieux m’en imprégner, pour mieux me détester, et te rejoindre à quelque part dans ce dégoût de moi.

Je t’ai fait mal, sûrement. Tu te répètes ma décharge hargneuse et grise, tu t’enfonces mon ivresse comme un clou sur une clôture encore vierge. Tu ressasses mes imbécillités, mes immensités ; tu focuses sur les taches qui maculent mon portrait, un arrêt sur image sur mes imperfections de p’tite bourgeoise pourrie par les hommes trop murs et tes cils trop grands. Tu me détestes, et ça te fait de la peine, et tes larmes te prennent à la gorge, intensifient cette colère qui te vrille le bas-ventre, et tu me détestes d’avantage…

J’extrapole, peut-être. Mais j’ai ton silence à meubler, ton indifférence à m’expliquer, ma peine à écouler sans trop abîmer le mascara qui s’empâte sur mes cils. Le temps à tricoter dans une chambre à coucher en décombres, avec ton rire au fond de mes oreilles et la poussière sartrienne qui retombe.

Tu vois ce que je veux dire. Mais quand c'est tout ce qu'on a, mal, c'est tout ce qu'on peut faire, je suppose.