vendredi 18 février 2011

Déception

J'ai laissé derrière moi brûler le verger de mûriers en tournoyant vers l'ailleurs. 
Le café, la bière, un peu trop de vin rouge comme satisfaction quotidienne. 
Et les mûres brûlaient, elles embaumaient leur puissant parfum sauvage auquel j'échappais.
Deux ou trois pas vers la danse, une joue tiède contre une autre.
L'espoir de la possibilité, de quelques grains de soleil entre mes doigts. 

Je me suis retournée trop tard. Les mûres étaient devenues cendres, mes mains soupesaient le vide. Plus de café, de bière, de vin rouge. Que du silence, et cette phrase embuée de février que j'ai fait semblant d'ignorer, mais qui martelait mon insomnie.

Je trinque à l'absence, au désarroi ; à tous ces couples de février qui se fracassent, qui se désespèrent. À ces couples qui se forment, aussi, et qui n'ont droit qu'à mes plus vils désirs. 

Je te souhaite l'échec, l'irrémédiable faux-pas qui sépare les profils amoureux. Je te souhaite le précaire, l'instable, l'erreur. 
Et, peut-être, le regret de cette soirée animée où tu as tout gâché en nous quittant pour une autre. 

Les mûres brûlent encore, leur odeur me prend encore à la gorge et tire ces larmes sucrées ; est-il trop tard pour les sauver, elles et ces jours d'automne ? 
Car il ne me reste que la pluie, la géométrie du silence et les lèvres sèches. 
L'amère saveur du thé froid, l'estomac crispé et les doigts gourds.

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