samedi 12 février 2011

Constats émotifs.

On s'imagine le reflet doré d'un soleil qui décline. L'ivresse d'un parfum qui flotte doucement. Le feu d'un regard qui ne nous quitte pas. Ou qui se retourne par deux fois dans une foule mouvante et bruyante un soir où la suite se cristallise. B. au concert, notamment.

J'ai toujours eu l'habitude de m'attendre à la grandeur, la grandiloquence ; que l'on sorte les violons et les trompettes pour les aléas de mon existence. Que les changements s'accompagnent de grandes émotions, de troubles profonds et exubérents. J'aime la tragédie, les vicissitudes - ainsi, il m'est difficile d'accepter que l'intérêt d'autrui puisse n'être qu'une inclination, qu'une faiblesse minimaliste suscitée par un éclairage diffus et un sourire plus rutilant qu'à l'habitude.

Avec B., ce fut une illumination. Un moment partagé, hermétique au monde, où n'existaient plus que nos mots et nos yeux qui parlaient. La certitude impulsive qu'une énergie nous liait, nous drainait l'un à l'autre ; que nous nous plaisions, autant par notre physique que notre conversation ; qu'il se tramait quelque chose d'irréductible, d'intraduisible en dépit des circonstances plus que contraignantes à l'immobilité. Mais c'était une immobilité dans la certitude, dans la fébrilité ; nous savions, et restions loin par peur de la vie, par impossibilité, par manque d'envie de tout briser.

Et deux ans plus tard, encore, il s'arrête près de moi quand on se croise par un hasard un peu forcé. Le même regard, la même contemplation mutuelle, les mêmes réflexes réfrénés de s'avancer et de toucher l'autre. Le même enthousiasme à me souhaiter un joyeux anniversaire, le mouvement presque assumé vers moi puis retenu. Les yeux et le sourire qui confirment son plaisir à me rencontrer. L'estime qu'il me porte et le bonheur qu'il me donne.

Mais je m'étonne tout de même d'une caresse discrète, cachée et éphémère sur mon avant-bras en faisant la bise à un autre homme, le lendemain soir. Une belle main ferme, grande contre la peau de mon avant-bras dénudé de ma veste.

Contact furtif, secret, qui ne veut peut-être rien dire au fond - mais qui me mystifie tout de même.

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