mardi 4 octobre 2011

Octobre

Je m'ennuie de ces jours d'octobre où toi et moi nous voyions chaque semaine. Meubler un temps étiré au pied de l'escalier jaune. Ton rire charmé, tes mains nues, nos corps timides qui s'approchaient malgré la peur de se laisser aller au vertige, aux abymes immenses qui s'ouvraient sous nos pas. Nous riions, la vie puisait son sens dans ces moments arrachés à nos jours incompatibles.

Aujourd'hui, je suis passée te voir. Tes yeux, encore, ton sourire ; des rides plus profondes au coin des yeux et quelques lueurs argentées sur tes joues brunies par le soleil déclinant. La tension, le bonheur prémâché par nos mots enlacés. Tu es content que je prenne le temps de monter jusqu'à toi malgré l'absence et la vie qui coule ; le sentiment renaît à la commissure de ma bouche.

Je me rappelle de tout. Toi aussi, je crois.

Tu te glisses sous mes yeux et les sondes quand je mentionne d'autres hommes ; mais je ris encore, un rire du printemps de mes dix-neuf ans, et le monde disparaît l'espace de quelques minutes. Je grave ma vie contre la tienne entre ces quatre murs déglingués où suintent l'humidité et l'adultère.

Je n'oublierai pas Chopin.

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