samedi 26 décembre 2009

L'art ne sauvera peut-être pas le monde...

Dostoïevski a dit que "l'art sauvera le monde." ; j'ai cette citation sur l'un de mes sacs, et je la trouve très inspirante. Mais j'en suis venue à la constatation que, peut-être que non, l'art ne sauvera pas le monde en ces temps qui me dégoûtent de plus en plus.

Je vient de terminer la lecture de la biographie de Misia Sert, une femme qui a vraiment encouragé l'art (de tout genre) avant-gardiste au début du XXe siècle (vous irez voir sur Wiki ou Google, si ça vous intéresse ; c'est un personnage, à mon sens, très intéressant que presque tout le monde a oublié aujourd'hui.) En lisant, je revis la Belle Époque, les scandales du Sacre du Printemps (pour ceux qui n’en ont pas entendu parler, c'est un ballet de Stravinsky qui avait déclenché une émeute dans la salle ; les gens s'étaient battus, la police était intervenue, c'était assez fou !) et du Dada, et toute la frivolité et le vent de renouveau artistique qui soufflait sur l'Europe en ces temps-là. Et je compare avec notre société occidentale, où tout le monde a accès à la culture et à l'art, où tout le monde peut avoir une formation artistique s'il le désire mais où les chefs-d’œuvre et l’art plus avant-gardiste n’est réservé qu’à une élite (désolée d’employer le terme maudit) qui est dans le milieu. Et je me demande si c'est mieux.

Oui, à l'époque de Misia, c'était l'aristocratie ; les artistes, pour la plupart, ne venaient pas de milieux paysans et c'était plutôt grâce à leur condition que leur talent pouvait s'épanouir. L'histoire est peut-être passée à côté de grands potentiels qui n'ont jamais pu trouver leur vocation ou leur talent à cause d'un manque d'argent ou d'une condition qui les empêchait de pratiquer leur art. Mais au moins, lorsqu'un chef-d’œuvre voyait le jour parmi les autres, il brillait, il détonnait, il scandalisait ; il n’était pas noyé dans une mer d’autres productions où il passait inaperçu.

Aujourd’hui, c’est différent. N’importe qui peut écrire un livre, une chanson, un ballet ; n’importe qui peut prendre des cours de peinture et faire une toile. Certains seront vraiment bons, d’autres moins ; mais les bons, me semble-t-il, seront aussitôt éclipsé par un autre puis un autre… La quantité étouffe le talent et, au bout du compte, la médiocrité l’emporte.

Au temps de Misia, c’était certains riches intellectuels, amoureux de l’art qui « décidaient » si une œuvre passait ou non ; aujourd’hui, c’est le grand nombre qui cherche le divertissement et fuit la réflexion (ce n’est pas un jugement de valeurs ni un mépris, c’est un constat ; et je ne dis pas que tous sont comme ça, loin de là, mais une majorité visible l’est, à mon avis). C’est pourquoi Twilight ou Millenium sont partout. Au moins, les gens lisent, soit ; mais quoi faire pour ceux qui veulent quelque chose de plus artistique, de plus songé ? Où trouver la poésie plus avant-gardiste qui ne se fait pas publier, faute d’argent ; où trouver la nouvelle musique savante qui ne se fera jamais diffusée par les chaînes de radio parce que les gens ne danseront pas là-dessus ? Pourquoi est-ce que la culture plus qualitative que quantitative n’est accessible qu’à ceux qui sont aux premières loges ? Dois-je étudier en musique et composer moi-même des pièces complètement nouvelles pour avoir accès à ce que les autres font ?

Je sais, j’ai déjà parlé de la démocratisation de la culture ; vous connaissez mon opinion là-dessus. Mais je refuse d’appartenir à l’époque marquée par Harry Potter et Da Vinci Code ! Et je ne vois pas de solution…

Vous pouvez répondre et vous pouvez vous taire. J'avais seulement envie de vider mon sac et vous partager mes préoccupations du moment, moi petite élitiste avec mes écharpes et mon nez levé.

2 commentaires:

RODOLPHE SALIS a dit…

...viens, mon beau chat!...

Salud!

Anonyme a dit…

Chère petite bourgeoise au nez levé comme son petit doigt sur sa tasse de thé...

Je me fais, quant à moi, un plaisir de vivre à l'ère des polars à sensation et des romans de séduction fantastique, tout simplement parce que je peux en comtempler l'absurdité envahissante avec le sourire... C'est doux et innocent; vide, certes, mais le vide ne blesse pas et c'est pour cela que l'on s'y complait.

Si j'étais prise dans le tourbillon de sens de l'époque de Misia, je me ferais mal. La vacuité m'est tendre, mais les lourdes pensées des artistes et la sévère signification de leurs oeuvres m'écrasent et je ne peux plus respirer...

Tu n'es définitivement pas la seule à avoir des lubies, ma chère! ;)

-FK