jeudi 4 novembre 2010

Les mains nues

Un autre poème. Parce que j'ai des crédits pour ça. Parce que le trop plein de mots déborde, et l'impuissance n'en a rien à battre. Parce qu'il fait froid, c'est novembre et que tout achève. Parce que je ne sais même pas si je vais bien ou non.

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L’instant d’un geste, et tes mains nues se posent sur mon ombre
Murmure d’un matin qui prend vie entre tes doigts
Et je me rappelle du printemps qui s’étale sur la feuille
       ces trois notes répétées à l’infini
       ces fleurs blanches au bout des lèvres
       cette robe qui cachait le jeu tacite des porcelaines
Le temps froisse les cils comblés      les visages cernés de café
Et tes mains nues que je fixe ne cessent de restreindre l’air entre nous.

Un instant, et novembre détourne le regard que tu lèves sur moi
Ton regard où tremble la tristesse de l’immobile
                 où gît le relief de tes nuits bleues et blanches
Ta voix s’empêtre dans le sentier      trébuche sur les lignes trop droites
Et ta maladresse porte l’eau trop chaude à mes lèvres     à la source russe de thé
                          mots savants qui meurent dans ma gorge
                          yeux clos pour déglutir le vide

Mes yeux insistent    ta langue s’enfourche
Dis-moi ce que je sais déjà.

Un seul instant, et le tu se cogne contre mes dents
       bruissement en mi bémol dans l’indécence du noir     de tout ce noir !
Tu cueilles l’insolence d’un frôlement d’haleine       
                 l’ombre d’une mélodie sur nos bouches closes.
Désapprend-moi l’été en sifflotant les airs que j’ai oubliés derrière
         là où la vie reprend son souffle

Je déploie nos cendres sur les feuilles
J’y grave tes sourires confus       mes vers abîmés au creux du vent

Pourquoi tes yeux sont-ils si tristes ?

Tes mains nues se sont dérobées derrière l’audace      tes mains pudiques de leur blancheur cruelle
Et je noircis le papier où tu as posé l’empreinte de tes rêves
    je valse avec les images que mes doigts n’ont pas su saisir
       avalée par l’insomnie                   à l’envers du monde

Je suis la prisonnière du vertige des aurores automnales
Pour un instant, j’ai tracé le monde sur tes joues
Mais le verre ne se fissure pas, et ton ombre dérive sur une quatrième note trop longue.

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