vendredi 8 octobre 2010

Ébauches fanées et secrets de carrière

Pour une raison que j'ignore - peut-être de manière injustifiée, au fond - j'ai l'impression qu'il s'enfonce lui aussi. Qu'il est moins en contrôle que ce que d'emblée je semble croire. Que ce qu'il m'est permis de croire.

Il perd du terrain, je crois. Et j'aime ça.

Comme si on partageait un état de glissement. Il sait. Je sais. Il sait que je sais. Je sais qu'il sait. Bref, ce genre de jeu de miroir de la conscience de l'autre.

Et Marie rit de nous parce qu'on - moi, mais lui encore plus - ne sait plus comment agir l'un envers l'autre. C'est à qui relance l'autre. À qui suscite l'attention de l'autre, les yeux qui se lèvent, le sourire qui se forme. À qui charme l'autre, à qui provoque l'autre.

Tribulations agréables parce que partagées. Je surnage depuis un petit bout et, tout à coup, je m'aperçois qu'il m'accompagne un peu dans cet état d'indécision en détresse. 

J'ai passé plus d'un an à penser que ce courant, cette énergie n'affectaient que moi ; qu'il ne s'en rendait, au fond, pas tellement compte ; qu'il retournait tranquillement chez lui se vautrer dans un confort sucré d'amour tendresse et familial en oubliant tout, en niant tout. Encore l'erreur de penser que j'étais seule à ressentir, à subir l'effet de mes émois ; que mes actes, mes impressions n'allaient pas au dehors de moi. J'irradie mes émotions sans m'en rendre compte, et je suis naïve au point de croire à l'ignorance des autres. 

Mais il embarque dans le jeu et se laisse aller dans cette séduction minimaliste et subtile que je lui propose, avec laquelle je reviens à la charge. Il consent à se mouiller dans l'éclat brillant de nos regards soutenus, à flirter avec la ligne ténue de la décence innocente. De l'innocence décente. On est blancs, mais pas tout à fait ; un blanc crème, un peu sale, mais blanc quand même. 

J'ai du front. Je connais sa situation, et mon sourire séduit s'en lave les mains. J'ai du front, un regard qui soutient le sien, et sa posture flanche, ses épaules se tournent, la distance se rétrécie légèrement entre ses pulsions et les miennes. 

Je découvre avec un plaisir un peu malsain que je peux, moi aussi, troubler les gens. 

Et je pense de plus en plus qu'il y a de quoi à aller chercher dans tout ça. Que le contexte, l'université, la vingtaine, l'anonymat à travers cette soixantaine d'étudiants inconnus, rend les choses excitantes et, pour ainsi dire, possibles.

2 commentaires:

Mamz'elle J a dit…

Raconte-moi tout. Je suis si heureuse que ça fonctionne enfin comme tu le l'espères.

isabelle a dit…

Que ça fonctionne enfin comme je l'espère...

Faudrait pas charrier, il ne s'est pas passé plus que ce que tu lis.

On ira boire un café bientôt ; dimanche soir ?