jeudi 15 juillet 2010

Jolie phrase arrachée à un autre blog.

« Tout ce que j'ai pu retenir de ces quelques jours, tient a peine dans un billet de spectacle froissé, écrasé dans une poche perdue. »

Inspiré par Andy, sur Andy-diary, un blog de fragments littéraires extrêmement intéressants.

Et puis, ouais, ça me rejoint. Cette obsession avec les billets de spectacle, de concert, de théâtre ; les cartes de visite, les billets de cinéma, les plans d'une ville où nous avions caché nos regards brillants de jeunesse et de flirt innocent ; je pourrais encore retrouver le goût salé du plat que nous avions partagé dans le restaurant chinois sous des néons dont l'éclairage vacillait. Humidité dans mes cheveux, suintante dans mon dos, humidité qui tachait de sueur cette robe achetée exprès pour l'occasion. Robe qui m'avait valu un regard curieux et timide de ta part, attrapé au vol comme les graines de pissenlit mort que le vent fait valser. 

J'ai retrouvé le billet d'opéra récemment, tout froissé dans le fond d'un tiroir. Longuement trituré dans la poche de mon manteau, par des mains moites et une nervosité plus ou moins contrôlée. Plus ou moins existante, peut-être, car il me semble qu'elle s'était dissipée. Me laissais porter par les bourrasques d'humidité, par tes pas décidés. La nervosité courbait l'échine devant ton regard amical, aimant par intermittence. Billet d'opéra blanc, strié de plis et de rides, comme l'histoire inexistante qui me relie encore à toi. Billet rectangulaire et fané où persiste des fragments invisibles de toi.

Le billet, il demeure maintenant dans mon porte-monnaie avec tous les autres. Masqué par l'insignifiance d'autres spectacles vus sans toi ; mais il reste dans mon sac de propagande nietzschéenne, entre les feuillets multicolores d'un porte-monnaie un peu déglingué. Morceau de toi contre moi, toujours, avec cette crème aux mûres désaffectées et toute salie que je ne mettrai plus sans te voir. Billet conservé pour rien, pour toi, pour t'avoir en moi. Pour me rappeler que l'on a marché, soupé, rit ensemble ; que tes yeux scintillaient dans les salles épurées du Musée d'art Contemporain et que je sentais ce lien, cette force qui m'attirait toujours vers toi. Tes avances silencieuses dans le feu de ton regard, dans l'éclat de ton sourire, dans la manière dont tes dents brillaient quand tes lèvres foncées les dénudaient, les dévoilaient. C'était comme le dévoilement secret et tacite d'un accord, d'une attirance partagée et tue. Et, c'est drôle, mais le blanc jauni du billet d'opéra me rappelle ça.

Ça me fait du bien de garder ces images. Même en un vulgaire ticket d'opéra.

Et je hante Capsule à l'affût des lettres qui composent ton nom.

Question d'étirer l'amour comme un vieil élastique trop usé. 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tes billets m'intéressent et me rappellent mes propres préoccupations fictives. Je crois que mon blog pourrait te rejoindre.