dimanche 8 août 2010

Pratique poétique.

J’ai oublié le goût mentholé de tes lèvres gourmées.
Ta saveur toute particulière de mûres et de terre ;
De Ballets russes, de thé, de nymphéas impressionnistes,
Et des baisers dilapidés par une belle mariée de faïence.

J’ai oublié mon écharpe de soie contre le sol de nos matins,
Échouée entre tes murs beiges, humides et sans fenêtre.
Soie rose pétrie de nous que tu as peut-être froissée
Pour taire la présence adultère de nos ébats friables.

Mon cou citronné est un affront à tes joues rêches,
Et je brise la lumière, toutes les symphonies en ut majeur.
Mélopée pluvieuse qui s’emmêle dans tes doigts pianistiques ;
L'écho de ton rire flatté dans la poussière de ma tête.

J’ai troqué Chopin pour une valse de Ravel,
La pêche rosée de l’enfance pour du noir perlé.
Je ploie sous l'éventail et chasse le romantisme :
Et le filtre des cigarettes a remplacé ta langue sucrée.

J’ai usurpé l’odeur musquée d’une égérie littéraire.
Me reconnaîtras-tu, sans les mûres, sans bonheur et sans éclat ?
J’ai vendu des lambeaux d'âme pour un semblant de mère
Et, dans ma nudité et ma solitude, il fait noir ; j'ai un peu froid.

J’ai oublié le goût fugitif de tes lèvres flûtées ;
Ton sourire de polichinelle contre mes mains gantées.
J’exhale tes promesses dans la brume automnale
Et elles valsent, gigognes, dans les draps de l’autre femme.

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