vendredi 19 février 2010

Craving for a mint cigarette.

Il me fait rire. Et j'aime qu'il me fasse autant rire.

Aujourd'hui, il est venu me rejoindre quand je parlais avec une amie, et ça m'a fait du bien de lui parler. Desfois, je me dis que si nous continuons à nous parler, si nous continuons à rire ensemble, il y aura des débouchées autres qu'amicales.

Mais je m'illusionne. Je ne lui plais pas.

J'ai eu mon premier cours de PIL aujourd'hui ; la prof est au doctorat, en deuxième année, et j'ai reçu tout un coup en constatant son analyse tellement... scolaire ! Elle ne savait pas comment s'appelait le courant impressioniste, et quand j'ai demandé en classe si l'on pouvait considérer Verlaine comme un poète impressioniste, elle a détourné la question !

Ce n'était peut-être pas si pertinent, au fond... Je me suis encore humiliée, probablement. Au moins, il n'y a pas trop de gens pour qui je pourrais me compromettre dans la classe. Deux de mes amies, et une cohorte d'inconnus un peu insignifiants.

J'ai eu une discussion avec une amie hier soir, et mes réflexions m'ont ensuite menée à cette conclusion : peut-être suis-je anorexique de l'esprit ? À l'image de la jeune fille qui, bien que mince, ne l'est jamais assez, se compare aux top-modèles, se voit toujours énorme, en veut toujours plus, je me sens toujours incroyablement stupide, incroyablement cruche. Je n'ose jamais lever la main en classe parce que je suis certaine que mon intervention va être insignifiante et ridicule ; je suis constamment en train de douter de mes facultés intellectuelles et de mes capacités d'analyse malgré mes A et ce que l'ont me dit parfois ; je vis dans la perpétuelle peur de ne pas atteindre les objectifs que je me fixe, de devenir une prof que l'on trouvera diablement stupide, sans profondeur, avec seulement une petite culture superficielle à laquelle elle ne comprend rien. J'entretiens cette image de moi-même, cette impression d'être une tête vide qui ne sait que répéter des notions éparses qu'elle a retenues par mécanisme, qui ne comprend jamais rien à ce qu'elle lit avant d'avoir été demander à Yolaine ou à d'autres, de m'attarder à des détails insignifiants et superficiels qui ne veulent strictement rien dire. Mes idées sont mauvaises, mes opinions ne se tiennent pas debout, mes goûts sont dépassés, mon appréciation des livres que je lis est erronée... Et j'ai beau lire le plus possible, essayer de méditer comme je peux sur la culture, discuter, j'ai toujours l'impression que ce n'est pas assez, que je ne serai jamais assez...

Je me rappelle ce que Laurence me disait quand elle s'automutilait en secondaire 5 : I was never enough. Eh bien, en ce moment, c'est peut-être un peu ça... Je ne suis pas assez. Je ne suis pas à la hauteur de mes aspirations. Je veux être comme y., et je sais que je ne le serai jamais : je suis trop idiote. Je ne suis pas digne de son temps, je ne suis pas digne de son affection, mais toujours je reviens, je viens puiser un peu d'estime de moi dans ce regard brillant et éminent, dans ce sourire magnifique et sincère ; et encore, je doute de sa perception de moi. Je suis certaine qu'au fond, elle me trouve bien idiote, bien simple d'esprit, et elle doit se demander ce que je fais à être en littérature, pourquoi je ne suis pas en train de faire des frites chez McDo ou vendre des vêtements chez Wall-Mart...

Ahh, et puis c'est assez ! Ce n'est pas vrai, elle m'a dit que j'étais une personne très réfléxive, et elle est toujours contente de me voir, la preuve en est que je reste toujours à son bureau pendant 1 heure de temps !

Et, d'ailleurs, qui suis-je pour me comparer à elle ?

C'est que j'ai tellement peur !! Tout me fait peur, tout ce qui me tient à coeur me fait peur : j'ai peur d'échouer, d'être réellement d'une stupidité horripilante, un peu comme ma mère, j'ai peur d'être ridicule, j'ai peur d'aimer, j'ai peur de déclarer ma flamme, j'ai peur que l'on rie de moi, j'ai peur de perdre ceux que j'aime, j'ai peur que yolaine m'abandonne, j'ai peur que l'on se moque de moi, j'ai peur des vers de terre, j'ai peur de prendre l'avion, j'ai peur de conduire quand il neige, j'ai peur de m'abrutir devant la technologie, j'ai peur, justement, de la technologie, j'ai peur d'entreprendre quoi que ce soit par risque d'échouer, j'ai peur de l'avenir, j'ai peur de la vie...

Mais je ne pense pas avoir peur de la mort. Cela dit, je ne veux pas mourir, ni ne compte m'enlever la vie.

Le café vient de couler, son odeur réconfortante enveloppe la maison qui baigne dans celle des côtes-levées que j'ai mangées pour diner, et je devrais me remettre à ma dissertation sur Jean Rivard que je vais probablement lamentablement échouer.

Le Sacre du Printemps est à l'image de mon état d'esprit depuis un certain temps. Je suis crevée, je m'enlise dans la stupidité, mais Marc me fait rire et je le fais rire aussi, et c'est un peu tout ce qui compte en ce moment.

« Ohhh, tu rougis !! »

J'aime qu'elle me cerne à ce point, c'est comme si la connection n'était pas seulement dans mes lubies et mes litanies oniriques et psychanalytiques.

Je me demande si elle sait de qui il s'agit... Je ne pense pas. Mais bon. J'en serais peut-être fière, par la suite ; car, au fond, ce serait tout grâce à elle, divine entremetteuse qu'elle n'a peut-être jamais été, tout comme elle me dit n'avoir jamais été fine psychologue.

Et je rougirai autant qu'elle me cernera comme ça, mais M. me fait rire et ça me fait du bien de rire ainsi, enlevée par une simplicité enivrante et une jeunesse éternelle.

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