mercredi 9 juin 2010

Collectionner les cœurs et les arbres Ming en quartz rose...

... ou s'ennuyer dans l'air sec et climatisé d'un hôtel perdu qui borde l'autoroute 73. S'y emmurer 40 heures semaine tandis que le soleil de juin nous sourit à l'extérieur et les clients nous narguent par leur sourire vacancier en sortant du lobby. Ouvrir Proust pour n'en lire qu'une phrase et n'en rien comprendre parce que Shopping TVA joue à la réception ; tenir un stylo pour écrire ou paufiner un texte et être coupée en pleine inspiration parce que le téléphone sonne ou un client se pointe pour une chambre. Boire trop de café du Tim Hortons, me ruiner en livraisons de sushis pour souper et perdre de vue les amis qui ne travaillent pas ou pas assez.

Bref. J'ai un job, je suis contente, un job qui me permet de lire, d'écrire et d'étaler ma vie sur facebook ou blogger.

Et puis, plus l'été avance, et plus je découvre que Proust détient la vérité absolue sur plusieurs points, presque sur la vie. Que j'ai vraiment envie de m'habiller comme Coco Chanel dans Coco et Igor ; que je commence à le faire, d'ailleurs. Que je voudrais boire une bouteille de vin dehors en fumant des cigares à la menthe. Que je voudrais un kaleidoscope et m'amuser des heures durant à être fascinée par toutes les formes et les couleurs du monde. Que j'ai envie d'écrire, de profaner le langage et les conventions avec ma plume ; avec ce que je suis, aussi. Que j'aimerais vraiment voir mes amis d'université bientôt, ou de Cégep, si Cath revient un jour de Gaspésie. Que je dois vraiment arrêter de tout mélanger les histoires de R. et de B. : depuis que j'ai appris que R savait, je prête à B. les réflexions de R., je mélange les souvenirs, je pense à B. en ayant cette impression de dissonance au creux du ventre parce que je me souviens qu'il savait, pour aussitôt essayer de me convaincre que c'était R. et que, avec B., c'était complétement différent, ça n'avait rien à voir. Que j'ai toute plein d'idées pour écrire, mais que Proust et les limites temporelles accordées à ma lecture m'empêche d'avancer mes projets. Que j'ai hâte de revoir Benjamin, que j'espère qu'il donne le cours ; que je suis de plus en plus certaine que j'ai envie de faire ma maîtrise sur Misia, et que j'ai vraiment hâte d'avoir des nouvelles pour la foutue initiation à laquelle personne, me semble-t-il, ne veut participer.

La vie est un vrai foutoir, creux et chaotique.

J'ai envie de rencontrer quelqu'un dans les prochaines semaines, et de boire un café au lait dans les prochaines minutes. Sauf que le Tim n'en fait pas, alors je devrai me contenter d'un café straight ou d'un cappucino glacé trop gras, trop sucré. Ah la la...

Et j'ai faim.

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