lundi 14 juin 2010

Comme Barry Manilow, en moins mièvre. Genre.

« Les démarcations trop étroites que nous traçons autour de l'amour viennent seulement de notre grande ignorance de la vie. » 

Oui, encore Proust, p. 330 de À l'ombre des jeunes filles en fleur. 

Proust qui connaît la vérité sur le monde. Qui l'a déterrée avec des heures de labeur acharné sur quelques pages barbouillées, en de longues années de mondanité, d'observation et de vie, puis de solitude. Farfouiller la vie, en gratter toutes les couches factices pour, finalement, obtenir un fragment minime de vérité pure, blanche et préservée. Par l'art. Car j'ai cette idée impressionniste que la vérité, le réel sont décuplés par et dans l'art. Que c'est là, et seulement là, qu'on peut y toucher. Les posséder, aussi fugitifs et volatiles soient-ils.  

Je ne suis pas morte, mais en congé jusqu'à demain. J'ai eu le cerveau agréablement lavé samedi avec un 12 heures de théâtre de Wajdi Mouawad, 12 heures à se concentrer, à admirer l'intelligence esthétique et textuelle de Mouawad, à rire et pleurer, à sentir son coeur piétiner d'impatience à connaître la suite de l'histoire, s'exalter devant la beauté et la misère humaine, etc. Bref, une magnifique journée où j'ai croisé plusieurs visages connus (dont mon prof de Proust, avec sa femme, belle et élégante Coco Chanel moderne, mon prof au visage un peu mou et à la tête chauve, ce qui m'a surprise, moi qui suis encore dans l'idée que les beaux vont avec les beaux, et les laids avec les laids.)

Je suis aussi allée voir le nouveau film de Dolan, que j'ai aussi beaucoup aimé : les atmosphères dégagées, les jeux de lumière et de couleur, la symbolique, les fragments de vérité qui se détachent du film et qui nous font sourire. Parce que c'est tellement vrai que l'on fait ça, quand on est amoureux et que ça ne fonctionne pas. Parce que, moi aussi, si une personne mourait à chaque fois que je clique sur actualiser, je serais pas mal toute seule sur la planète. 

Et puis je n'ai rien de palpitant à raconter. 

C'est normal, c'est l'été, ma vie est aussi plate qu'un mur de plâtre l'été. 

Je pourrais aller à la campagne et boire du vin autour d'un feu de camp avec des amis. Mais il faudrait que je prenne congé, un peu impossible avec tous les congés que je demande pour Proust et tout. Toujours le rêve qui décolle, et puis la réalité qui le repousse contre le sol. Le frappe contre le parquet. Les envols romantiques et les crash réalistes. 

Et il y a Prokofiev qui joue sur mon ordinateur, la danse des Capulets et des Montagues. Les pom po-pom po-pom qui sont supposément connus mais qui ne me disaient rien. Chantonnés comme ça dans le vert et l'humidité universitaire. Regards qui riaient, malaise qui planait. Il faisait chaud, ça sentait la crème aux mûres , les vieux livres jaunis et les murs pourris du Casault. Et toujours cette pièce de Prokofiev qu'il chantait. Parce qu'il est le seul que je connaisse qui peut chanter une pièce instrumental sans avoir l'air fou. Moi, j'ai l'air fou quand j'essaie de traduire vocalement une pièce classique. Surtout Chopin, impossible à chanter avec toutes les virtuosités pianistiques. 

Et j'ai vraiment hâte que Capsule publie le nom des profs qui vont donner les cours. Ainsi que de trouver une solution miracle à cette initiation que tout le monde fuit. 

Misère !

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