vendredi 4 juin 2010

On s'emmerde à l'hôtel, sous l'air climatisé et le soleil mécanique des néons.

Vendredi après-midi, c'est plat et mort à la job. Je suis un peu fatiguée et le café que je bois ne m'a pas encore complètement rendue alerte pour continuer Proust. Alors je vais faire un tour sur blogspot. Raconter des sornettes plus ou moins véridiques. Étaler ma vie insignifiante, plate et morte sur le Web. Lira qui voudra. Sauf que, là-dessus, je ne suis pas inquiète, je n'ai pas encore eu de problèmes avec la publication des aléas de ma vie sur Internet, prénoms et situations même pas censurées.

Ce soir, j'arrête de bouder une ancienne amie et vais souper avec elle. Le genre de fille de qui j'étais très proche au secondaire, à qui je racontais tous mes déboires amoureux, parentaux et autres. Qui savait presque plus de choses de R. que lui en savait sur lui-même. Et qui, je l'appris après, allait balancer mes secrets à d'autres de ses amis. Génial. Au cégep, je l'ai vue à quelques reprises. J'éloignais nos rencontres. À tous les 5, 6 mois, je recevais un appel d'elle. Comme si sa conscience de fausse bonne amie lui rappelait qu'elle avait des amis à conserver, des relations à entretenir.
« Saaalut...
- Allô... *ne sachant pas du tout c'est qui*
- Ça vaaaa ?
- Oui, toi ? *toujours en train de chercher c'est qui...*
- Ouaiiis! C'est Émilie!
- Ah, allô...
- Tu m'appelles pas !?"

Et elle non plus, d'ailleurs. Comment se déresponsabiliser : tu ne m'appelles pas ; tu m'appeleras si tu veux faire quelque chose ; ça serait cool d'aller prendre un café, t'as mon numéro.

Et puis, ce soir, j'ai accepté de la revoir. Un message sur Facebook : quand ça te tentera d'aller prendre un café, tu m'appeleras, t'as mon numéro. Après plusieurs réponses évasives (on s'en reparle), j'ai dit oui. Me disant: pourquoi pas ?

Je vais donc la jouer un peu snob. Froide, distante. Le genre qui ne veut pas parler de sa vie. Un peu méprisante, peut-être. Citer des auteurs, parler d'art et de musique classique. On verra comment ça se déroulera.

Je n'ai pas envie de lui parler de ma vie, mais je sais que la première chose qu'elle me demandera sera un gros : « Quoi de neuf ? » Je hais ces gens qui me demandent quoi de neuf, sachant très bien qu'ils veulent seulement savoir s'il y a de quoi de bon à raconter. Pas par intérêt véritable, comme mes amis, mes vrais, ou yolaine me demandent. Mais eux, ça ne me dérange pas : il n'y a jamais rien de neuf dans ma vie, et encore moins l'été où le boulot et la solitude se bousculent la place. Et je leur dis, et ça ne les dérange pas parce que leur but n'est pas les racontards, mais l'intérêt véritable qu'ils peuvent trouver en mon bonheur. Comme des vrais amis. 

Bref. Pas de nouvelles pour l'analyse Lasnier. Pas de nouvelles pour mon cours de Formation à la vie culturelle. Rien de fascinant, rien de grisant. Sauf Proust. Et l'écriture, qui va plutôt bien. J'ai d'ailleurs eu de très bons commentaires d'une amie, ça fait toujours du bien. Ah, et il y a Wajdi la semaine prochaine !

Culturellement, tout est fantastique ; socialement, ça pourrait être mieux.

Mais c'est l'été. Et Proust attise ma vie, mon intelligence.

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