samedi 5 juin 2010

Tendre soudainement la main vers un fantôme fuyard.

Mes illusions adolescentes sont comme détruites. Et ça me donne l'impression d'être réduite à l'état de débris à mon tour. Comme si une partie essentielle de ce que j'étais m'était arrachée, grugée, piétinée. Une histoire d'amour vécue à l'âge où l'on découvre les premiers émois, histoire pour ainsi dire morte depuis environ 2 ans, les nouvelles ambitions, relations aidant ; histoire un peu oubliée, un peu surannée, que l'on m'a remis au nez par une discussion avec quelqu'un que je nommerai ici X et qui m'avait beaucoup aidée dans le temps où je traînais mes quinze ans comme de lourdes chaînes.

R. savait. Il savait, et s'inquiétait.

J'ai pas vraiment de mots pour en parler. Ça fait 2 heures j'efface ce que j'écris ici.

Je me doutais bien qu'il devait savoir. Que j'étais jeune, imbécile, pas subtile ; que je balançais mon amour à qui mieux-mieux dans les corridors bouchés de l'école ; que je le regardais avec des yeux brillants, dévorants, criant l'envie d'un déflorement ; que j'insistais, que j'inventais, que j'imaginais des intérêts que je n'avais pas, que je n'ai jamais eus. Que j'exagérais, qu'un petit béguin d'étudiante devenait oppressant, brimant. Que je fermais mes yeux sur mes 15, 16, 17 ans en me haussant à son niveau, à son âge.

Seigneur.........

Mais en avoir la certitude est une sensation que je ne peux décrire. C'est douloureux. Déchirant. Comme si ma vie se réduisait à une photo que l'on avait brûlée devant moi.

C'est X qui m'a dit qu'il savait. Il savait, car il lui en avait parlé. Et c'est cette révélation qui m'a sidérée. R., que j'avais toujours perçu comme un être un peu perdu, un peu au-dessus de la mêlée, trop distrait pour s'apercevoir de telles choses, n'était pas si aveugle que je le croyais. Que je voulais le croire.

Je me sens mal. J'ai envie de m'excuser, de me fondre en désolations, en justifications. Qu'il comprenne que je ne suis plus amoureuse de lui. Que je suis passée à autre chose, et que je suis une bonne personne, au fond. Une fille un peu dans sa bulle, hypersensible et profondément bouleversée par un joli brun foncé qui joue de la musique et qui parle du monde en phrases lyriques et poétiques.

Oui, je suis toute croche en ce moment. Je regrette encore ce matin où je me berçais dans des illusions comme quoi il n'avait jamais vraiment su. Qu'il n'avait jamais vraiment crû à cet amour que je lui témoignais par toutes les pores de ma peau.

Mais je préfère la vérité, aussi déboussolante soit-elle. Car il y a des choses que je comprends mieux maintenant. Et puis, même si j'étais passée à autre chose, si j'avais balayé cette histoire d'autres péripéties plus exaltantes, relayé ces trois années dans un placard poussiéreux, je trouve que c'est un point final intéressant. J'ai tourné quelques pages, définitivement prête pour un autre chapitre.

Au fond, c'est un épilogue à cette foutue loi de l'attraction qui titrait la première version du roman.

Cette entrée est très mal écrite. Mais je pense que je me sens mieux. Que je vais pouvoir approfondir mon personnage inspiré de R., le rendre plus vrai. Que je vais pouvoir enfin bouger, condamnée que j'étais à languir dans ma chambre, les larmes dans la gorge, à me lamenter pour mon innocence perdue.

Mais j'ai au moins pris conscience de choses que je tâcherai de ne pas répéter, d'améliorer.

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