mardi 30 mars 2010

Back with my oh-so-sweet loveless fascination !

Je suis allée voir Yolaine ce matin, yolaine qui était tellement belle aujourd'hui, yolaine dont la conversation m'est apparue particulièrement intéressante et beaucoup trop courte ; elle avait l'air contente de me voir, elle s'intéressait à ce que je disais avec ce qui m'a semblé être une authenticité véritable, elle m'a même demandé si elle allait pouvoir lire mon analyse de poème que je dois faire pour mon cours de Genres littéraires. J'ai accepté, mais peut-être n'aurais-je pas dû... peut-être serait-il mieux pour moi d'entretenir ce lustre dont elle me croit couverte, cette intelligence et cette perspicacité dont elle me croit détentrice. Mon travail va ruiner l'illusion qu'elle entretient à mon sujet ; elle va réaliser mon insignifiance intellectuelle, et tout sera à recommencer, les demandes de rencontres timides, la déférence insécure, l'incohérence de mes propos qui s'empêtrent dans ma gêne maladive... 

Mais comment aurais-je pu dire non ? Si elle me demande à lire ce travail, c'est qu'elle s'intéresse à ce que j'ai à dire, sur ce que je tire d'un si joli poème que nous aimons toutes les deux... non ? Si elle demande à le lire, et qu'elle songe même à donner à lire du Rina Lasnier à ses étudiants, c'est peut-être même qu'elle prend en considération ma vision, mon interprétation pour voir ce que l'on peut en dire ? Et peut-être qu'elle s'intéresse vraiment à ce que j'ai à dire. Malgré cette incompétence qu'elle me sait posséder, pour le lui avoir maintes et maintes fois dit. 

Ah, je ne peux pas croire que je vais lui faire lire mon analyse et ainsi lui faire réaliser à quel point je suis bête et incompétente ! Car j'ai accepté, et ça me terrorise !

Peut-être est-ce là où le professionnel se meut en amitié, là où il y a intérêt à voir ce que l'autre, que l'on a pas aidée, écrit par simple curiosité, sans désir de corriger ou d'améliorer ? D'avoir peur de faire lire un travail qui, au fond, ne sera sûrement pas si mauvais que ça, car le jugement émotif l'emporte, et de loin, sur celui du professeur qui enseigne à se diriger vers la bonne voie ? 

Je ne sais plus. Tout ce que je sais, c'est qu'elle est formidable, et tellement belle ! Je ne peux pas croire qu'une femme de cet âge puisse être aussi belle. 

Je suis restée avec elle une cinquantaine de minutes qui m'est apparue tellement courte, moi qui suis pourtant habituée à avoir avec elle des moments de ces durées-là. C'est que j'aimerais tellement pouvoir passer de plus longs moments en sa compagnie ; il me semble toujours avoir tout à discuter avec elle, mais nous sommes toujours à court de temps, crispées que nous sommes dans ces restants de poix professionnelle ! 

Alors j'attends qu'elle change d'idée. Qu'elle passe par-dessus son fichu protocole, son professionnalisme vieux-je, et qu'elle accepte l'amitié que je lui offre depuis les tout débuts de mon intérêt, de ma fascination pour cette grande âme.

La conversation s'est terminée abruptement - car une étudiante avec qui elle avait rendez-vous attendait à la porte - sur B. Car nous avons parlé de lui. De manière neutre, certes, Y. ne sait pas pour mes sentiments par rapport à lui, mais ça m'a fait tout drôle de parler de lui comme ça. Elle en faisait l'éloge, et ça m'a étrangement rappelé la première journée que j'ai entendu parlé de lui (par mon prof de philo) ; elle m'en avait parlé en bien, et peut-être est-ce là ce qu'elle n'aurait pas dû faire vu l'influence notable de son avis sur ma vie ; selon elle, il était dynamique et compétent, et j'allais l'aimer (oh, ça oui !). Pendant qu'on parlait de lui, pendant qu'elle faisait l'éloge de lui d'après l'impression qu'elle en avait et que je ne cessais de répéter qu'on s'entendait bien et que je l'aimais bien, je rougissais. J'ai sentir mes joues s'engourdir de cette désagréable vague de chaleur. J'ai rougi, mais elle n'a rien dit, au contraire de M. Elle n'a pas dû remarquer, elle ne doit pas croire la chose possible, elle et sa grandeur d'âme qui me semble parfois tellement éthérée et presque (trop) morale ! Mais je ne sais pas, l'entendre parler ainsi de Benjamin était comme si elle l'avait fait vivre en quelques phrases du bout de ses lèvres souriantes, comme s'il s'était trouvé devant nous, souriants et maladroitement magnifique, à discuter un peu en notre compagnie. Ce qui aurait certes pu arriver pendant la 4e session du Cégep. Ce qui aurait probablement été trop émouvant, exténuant pour moi et ma sensibilité malsaine. 

Ah, yolaine, fascinante et inspirante yolaine, comme vous détenez un pouvoir sur mon pauvre esprit éreinté ! 

Sinon, la fin de session approche dangereusement, mais j'ai presque fini un travail que j'ai à remettre dans 2 semaines (ce qui est incroyable, moi qui suis toujours à la dernière minute !) Je ne ressens plus rien pour M. - qui a d'ailleurs parlé de Chopin dans l'un de ses nicks msn, ce qui m'a énormément troublée ; j'utilise beaucoup ce surnom dans mes propres nicks pour désigner Benjamin, et le voilà qu'il me copie !! - que de l'amitié que je compte conserver mais non transformer. Mon prof G. est finalement marié, ce qui m'a presque brisé le coeur en mille miettes, voyant l'ampleur du culte que je lui voue ; mes fantasmes de liaison prof-élève devront encore attendre un autre intellectuel passionné dans mon parcours scolaire qui est maintenant de moins en moins long, dont le diapason de profs se rétrécit de plus en plus.

Allez, la lecture maintenant ! 

Et Yolaine était si belle ! 

1 commentaire:

Mamz'elle J a dit…

Cette Yolaine a donc le monopole sur ta vue fantasmatique de la femme idéale alors?
..moi, je dis naïvement que *B.* paie *Y*. pour qu'elle t'en dise du bien.. ! Ce serait si drôle. Et tellement beau. et du coup, ça résoudrait une des 50 000 questions fondamentales de ta vie, belle Isa..

Je suis désolée que tu sois déçue par la nouvelle de G... je te souhaitais tant que, pour une fois, tu rendes un projet de cette envergure à terme.. je veux dire; c'est tou de même une résolution à long terme pour toi, non!? (L)

Je t'aime d'amour, moi. :)